Le 12 décembre prochain, il y aura grève dans les lycées professionnels. C’est l’information à retenir de la conférence de presse de l’intersyndicale de la voie professionnelle qui a eu lieu mercredi 15 novembre. Le Snetaa-Fo, la CGT-Educ’Action, le Snuep-FSU, le Snep-FSu, le Snalc, Sud éducation et la CNT dénoncent la « casse de l’année de terminale » des élèves de lycée professionnel.
Pour les responsables syndicaux présents lors de la conférence de presse, la ministre « s’arcboute sur ses positions de casse du lycée professionnel en voulant imposer une dégradation brutale et scandaleuse de la classe de terminale ».
« Une fois de plus Grandjean veut passer en force » explique Sigrid Gérardin, secrétaire générale du Snuep-FSU. « Elle veut avancer les épreuves du bac professionnel pour augmenter les semaines de stages. Cela signifie un tiers d’école en moins pour nos jeunes ». « Concrètement, le parcours commun des élèves de lycée professionnel serait diminué de 6 semaines et les épreuves aux examens avancées afin d’introduire un parcours personnalisé de 6 semaines. Ce projet est bien une forme de recyclage de l’échec criant du bac Blanquer » ajoute la responsable syndicale. « Après un bac pro en 3 ans, c’est un bac pro en 2,5 ans, voire en 2 ans qu’organise le ministère. Au prétexte de diversification, le ministère détournerait un grand nombre d’heures de cours pour répondre à une commande présidentielle : augmenter le nombre de semaines de stages. Inacceptable quand nos élèves ont besoin de plus et mieux d’école. C’est toute l’architecture du bac pro qui est laminée. Imposer des stages en juin en lieu et place des épreuves actuelles est absurde et dangereux pour les élèves des lycées pros qui seront en concurrence avec les élèves de seconde générale et technologique dont le capital réseau pour trouver des entreprises d’accueil est plus important ».
Selon l’intersyndicale, cette réforme qui n’est ni de « l’intérêt des élèves » ni de « celui des personnels », est menée très rapidement, dans un « agenda très rapide », « les textes passeront au Conseil supérieur de l’Éducation le 14 décembre ». Elle engendrera « un accroissement du décrochage scolaire, de résultats en baisse aux examens et d’une dégradation sans précédent des conditions de travail des personnels». Elle y lit « un profond mépris envers les PLP et leurs syndicats ».
Un courrier aux ministres Attal et Grandjean
Les organisations syndicales ont adressé un courrier aux ministres Gabriel Attal et Carole Grandjean. Isabelle Vuillet, responsable syndicale de la CGT éduc’Action, en a dévoilé la teneur en le lisant à la presse. « Dans la période très tendue que nous traversons et au regard des enjeux et exigences éducatives ambitieuses que nous portons, nous réaffirmons que c’est plus d’école dont ont besoin nos élèves et pas plus de PFMP (Ndlr : période de formation en milieu professionnel). Nos organisations syndicales rappellent que les lycées professionnels forment à des métiers mais aussi éduquent les jeunes à la citoyenneté. Vous imposez une modification des cartes des formations dont les impacts sur les personnels seront très lourds en particulier en matière de reconversions forcées et qui va, de surcroît, aggraver l’attractivité de nos métiers. Le calendrier imposé est de surcroît intenable et irrespectueux du travail des personnels car la mise en œuvre de ce projet est envisagée dès la rentrée 2024 ».
L’intersyndicale appelle donc les enseignant·es de lycées professionnels à se mettre en grève mardi 12 décembre. Elle les invite « à échanger et organiser partout des heures d’information syndicale et des assemblées générales d’établissement pour préparer et réussir une mobilisation d’ampleur ».
« Aujourd’hui, la balle dans le camp de Gabriel Attal. On lui demande solennellement le retrait de cette réforme de destruction de la classe de terminale. Pour réussir, les élèves ont besoin de plus école et pas plus d’entreprise » conclut Sigrid Gérardin. « En réalité ce gouvernement habilite les entreprises à éduquer nos jeunes. Il leur donne un blanc-seing pour les façonner, formater en fonction de leur besoin de main d’œuvre. Il faut absolument que les lycées professionnels reviennent sous la tutelle unique de l’Éducation nationale. On ne peut les détruire pour résoudre les problèmes de pénurie de main d’œuvre sur le marché de l’emploi… »
Lilia Ben Hamouda