François Jarraud
Une étude du Cidree sur le pilotage par les résultats
Le pilotage du système éducatif par les résultats est-il efficace ? On sait que le thème est apparu dans la campagne électorale française. Or le Cidree, un organisme qui relie des représentants des systèmes éducatifs européens, publie un ouvrage sur ce sujet.
« Il y a un consensus croissant », écrit Gabor Halascz, qui dirige l’ouvrage, « entre les politiques et les chercheurs sur le fait que le meilleur moyen d’augmenter la qualité et l’efficacité de l’éducation est de combiner autonomie des établissements avec une forte information sur les résultats et des incitations fortes envoyées aux écoles pour qu’elles les utilisent ». L’étude s’appuie sur des exemples tirés de plusieurs pays européens : république tchèque, Angleterre, Espagne, Flandres belge, Allemagne, Slovénie etc.
Mais comment définir l’efficacité en éducation ? Sur quels critères la mesurer ? Un exemple impressionnant est donné par la réforme tchèque, décrite par Hana Zufanova. En 2005, les établissements ont obtenu une large autonomie, tempérée par des processus d’évaluation interne et externe, en même temps que la carte scolaire disparaissait. L’évaluation des enseignants est faite en fonction d’une nouvelle définition du métier. On attend de l’enseignant qu’il se tienne informé dans son champ disciplinaire, dans celui de la pédagogie, qu’il prépare les élèves aux tests, qu’il les aide individuellement et qu’il cherche à adapter son enseignement aux attentes des élèves. L’évaluation va assez loin puisqu’elle intègre l’avis explicite des élèves sur les cours.
C’est que pour les auteurs, rien n’est plus mauvais que l’auto-évaluation des établissements. Ils recommandent un double contrôle à la fois interne et externe. « Les autorités administratives mettent en place un cadre précis. Cela veut dire pour les écoles qu’elles sont dirigées avec des administrations compétentes et une autonomie partielle de telle façon qu’elles connaissent leur degré d’autonomie… Plus d’autonomie c’est plus de responsabilité ce qui amène chaque établissement à construire son propre système de gestion de la qualité. Cette auto-évaluation conjuguée avec des tests ou des analyses externes permettent de préciser des stratégies d’amélioration ».
Un article vient quand même montrer les limites de ce pilotage. Partant de l’expérience américaine, plus ancienne que celle de l’Europe, Heinz Schirp estime que les professeurs, sous la pression des tests, tendent à réduire leur programme. « Les écoles adaptent leurs cours aux sujets des tests. « Les enseignants passent un temps disproportionné à enseigner pour les tests… L’évolution finale c’est enseigner le test ».
Cidree, Schools for Quality. What Data – based Approaches Can Contribute, Cidree, Sint Katelijne Waver, Belgique, 2006, 187 pages.
Sur le Café : Peut-on piloter l’Ecole par les résultats ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/02052007Accueil.aspx
Rappel : Sur le pilotage par les résultats
http://www.esen.education.fr/documentation/liste.phtml?idRP=2&idR=304
Quand l’évaluation par les résultats pousse à la triche…
123 écoles californiennes auraient été prises en flagrant délit de triche aux tests nationaux, rapporte le San Francisco Chronicle qui en donne la liste. Ici l’enseignant par des mimiques guide le choix des élèves dans le QCM. Là les élèves recopient les réponses corrigées en classe. Ailleurs les professeurs changent subitement de programme dès qu’ils connaissent celui des tests…
Pour le quotidien, c’est le fruit des pressions exercées sur les écoles. « Les parents utilisent les indicateurs pour choisir leur école. Les agents immobiliers pour vendre les maisons ». A cela s’ajoutent les subventions fédérales qui dépendent directement des résultats des établissements selon la loi No Child Left Behind. On estime que 5 à 6% des écoles tricheraient. En Californie près de 500 ne se sont pas fait prendre.
Article du San Francisco Chronicle
Sur le Café : Evaluer selon les résultats
Peut-on piloter l’Ecole par les résultats ?
Pour le National Union of Teachers, un syndicat britannique d’enseignants, la coupe est pleine. Il dénonce la multiplication des tests et l’irruption de l’Etat, avec ses exigences de résultats est perçue douloureusement. « Les écoles ont été réduites à l’état d’usines à produire des tests et des examens. Mais les scores ne sont pas le produit de l’éducation comme les autos ou les barils de pétrole le sont pour l’industrie. Les écoles sont là pour le bénéfice des enfants ».
Partout la tentation est grande de piloter le système éducatif en se basant sur les résultats des établissements. Cette politique est déjà fortement implantée dans les pays anglo-saxons qui assurent des tests nationaux, leur publication auprès des parents établissement par établissement, enfin une sanction ou des récompenses pour les établissements en fonction de leurs résultats. La France se limite à la publication de certains indicateurs sans d’ailleurs que ceux-ci entraînent une réaction locale des autorités académiques. Cette régulation par les résultats a été évoquée par un des candidats à la présidentielle. Doit-on l’écarter ou apporte-elle réellement une amélioration du système dans son ensemble ?
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