La 17ème édition des rencontres de l’Orme, dont le Café pédagogique est partenaire, s’ouvre le mercredi 21 mars avec comme thématique centrale les ressources numériques en éducation. Pour éclairer nos lecteurs, avant les reportages que nous effectuerons sur place, nous avons demandé à l’une des organisatrices, Isabelle Breda, du CRDP d’Aix-Marseille, de nous parler de la manière dont se construit la manifestation.
Comment se définit à chaque fois la thématique de l’année ? Combien de temps se prépare t-elle en amont ?
La thématique se définit de manière assez naturelle au sein du CRDP de l’académie d’Aix-Marseille, à travers ce que nous percevons des grandes tendances des usages du numérique à l’école. C’est encore le cas cette année, dans le contexte du plan Chatel qui donne toute sa part aux ressources numériques, plan qui est lui-même un bon indicateur de l’importance que prennent aujourd’hui les ressources par rapport aux infrastructures dans les politiques publiques.
Cette connaissance du secteur, nous la tenons des collaborations permanentes que nous entretenons avec les grands acteurs, les collectivités, les éditeurs, la recherche et bien sûr le système éducatif. Le CRDP organise en effet d’autres manifestations de partenariat au fil de l’année (cycle de formation des Mardis de l’Orme, Ateliers du Mercredi et journées IntégraTice pour les enseignants, Rencontres éditeurs autour de la plate-forme Corrélyce, etc). Ces manifestations nous permettent de garder le pouls des usages et des innovations.
En général, la thématique annuelle s’élabore dans un échange entre trois ou quatre personnes du CRDP, entre mai et juillet de l’année qui précède les Rencontes. Sa déclinaison en sous-thématiques se poursuit à l’automne par une analyse plus approfondie de la question centrale, grâce à des entretiens avec des personnalités, de la veille dans les réseaux auxquels chacun de nous contribue, les interventions que nous pouvons faire dans différentes arènes, les propositions que nous recevons… C’est à Educatice, où le CRDP a son stand, que nous définissons précisément les angles et les champs à privilégier.
Une bonne partie des exposants se retrouve d’année en année dans ces rencontres. Mais comment faites-vous pour attirer de nouveaux partenaires ?
Nous sollicitons de nouveaux experts chaque année en fonction de notre thématique, en France et à l’étranger, qui trouvent un vrai intérêt à venir aux rencontres de l’Orme, et nous aident ainsi à faire connaître la manifestation.
Nous nous appuyons également sur nos partenaires habituels, qui nous sont indispensables, pour monter des groupes de travail sectoriels et créer des dynamiques d’échange autour d’un territoire, d’un sujet, d’une profession. Ainsi cette année, la Région PACA initie une rencontre des responsables éducatifs des conseils régionaux sur les ENT libres; les directeurs de CRDP tiennent leur réunion nationale à Orme 2.12; l’académie d’Aix-Marseille mobilise près de 300 enseignants dans des stages disciplinaires et le ministère organise un séminaire pour les inspecteurs TICE; les éditeurs viennent partager expériences et questionnement dans des ateliers publics qui leur sont dédiés; des associations comme Zinc, Seconde nature, L’Alhambra, organisent une programmation centrée sur les arts et les cultures numériques et font venir des artistes ou des médiateurs culturels…
Mais nous avons également une démarche plus volontariste auprès de structures qui nous semblent pouvoir enrichir la réflexion. C’est le cas cette année de la Ligue de l’Enseignement, qui tient un atelier de son Congrès triennal à Orme 2.12 pour travailler sur Education populaire et TIC. Nous envisageons également de travailler de manière plus approfondie avec les fédérations de parents d’élèves.
Quelles sont les principales attentes des organisateurs de ces rencontres ?
Aider les enseignants et les cadres de l’éducation dans la découverte et les usages des ressources numériques, c’est notre coeur de métier. Le CRDP doit accompagner les établissements scolaires dans leur politique documentaire, dans l’application des priorités nationales et académiques en matière de TICE, dans les évolutions du métier d’enseignants et des apprentissages des élèves. Les Rencontres de l’Orme jouent ce rôle, en particulier dans l’Ecole communicante où enseignants et élèves donnent à voir des usages de ressources dans un contexte de classe. La grande diversité des exposants présents représente également une aide au choix pour ces établissements, qui peuvent prendre le temps de discuter de la pertinence et de l’accessibilité des ressources, de l’adéquation à leur fonctionnement.
Pour réaliser pleinement cet objectif, notre attente porte parallèlement sur la mobilisation du secteur de la production-diffusion de ressources numériques. Des rencontres réussies doivent permettre à chaque acteur de mieux cerner les demandes de l’autre, de mieux comprendre les logiques de chaque métier, pour mieux poursuivre son action.
Vous vous sentez évidemment plus en complémentarité qu’en concurrence avec Educatice et Ludovia, pour ne citer que ces manifestations. Pourriez-vous expliciter un peu votre position par rapport à elles et les partenariats établis ?
Nous sommes partenaires d’Educatice depuis plusieurs années. Educatice reste le grand rendez-vous parisien – donc national- des TICE. Les Rencontres de l’Orme sont, depuis 17 ans, le deuxième grand rendez-vous national, qui a lieu dans le Sud, sur un territoire très engagé dans le numérique et l’éducation depuis longtemps. On se souvient de l’opération Ordina 13 du Conseil général des Bouches du Rhône, de la création de l’incubateur Belle de Mai pour les jeunes pousses du numérique… Ludovia est une manifestation encore jeune, qui a eu le grand intérêt de placer la thématique du jeu et des réseaux sociaux au coeur de ses premières programmations. Par sa lettre d’information, elle remplit également un très utile rôle de veille que ni les Rencontres de l’Orme, ni Educatice, n’ont pu remplir.
Par rapport à ces deux manifestations, les Rencontres de l’Orme ont toutefois deux particularités: mettre les usages des élèves au centre de la réflexion, notamment à travers l’Ecole communicante et le Labo médias junior, et proposer une réflexion structurée sur un thème à travers les tables ronde et ateliers de son colloque. Réflexion qui donne lieu à une restitution publique à la fin de la manifestation, publiée et diffusée sous forme de synthèse sur le site de l’Orme.
Entretien : Françoise Solliec