En visite au rectorat de Versailles, Gabriel Attal a assuré avoir fait le déplacement pour « faire la transparence ». En effet, le rectorat est sous le feu des critiques depuis la publication de la lettre envoyée par son service juridique à la famille du jeune Nicolas qui s’est suicidé le 5 septembre dernier à la suite de faits de harcèlement scolaire. Depuis, d’autres courriers ont refait surface, des courriers quasi identiques. L’un d’entre eux avait été adressé aux parents d’une petite fille victime de violences sexuelles.
« On parle de courriers de réprobation, adressés à des personnes lorsqu’il y a des menaces », a expliqué le ministre. « Ce qui s’est passé, c’est qu’il y a eu une erreur, une faute. Ce courrier a été adressé à des familles qui n’auraient pas dû le recevoir. Dans des situations de harcèlement scolaire ou même d’agressions sexuelles. Évidemment, ça n’est pas acceptable que cette lettre, avec cette fermeté, ait été adressée à ces familles ».
Gabriel Attal reconnait l’envoi de 55 courriers qui « semblent poser question » sur les 120 envois de l’année scolaire 2022-2023. « Chaque famille sera contactée individuellement pour un échange avec les agents du rectorat ». « Dès le lendemain du suicide du jeune Nicolas, j’ai déclenché une enquête administrative pour comprendre ce qui a pu mener à ce drame absolu », s’est justifié le ministre. « Dès la révélation des courriers par la presse, j’ai déclenché un audit, ici à l’académie de Versailles, et je l’ai étendu à l’ensemble des académies de France pour mesurer l’ampleur de cette situation et de courriers qui ont été envoyés à des familles alors qu’ils n’auraient pas dû l’être. J’attends les retours sur cet audit dans les prochaines semaines ».
Au niveau national
« Il faut remettre de l’humain à tous les étages pour gérer ces situations de harcèlement », estime le ministre. À cette fin, chaque académie devra se doter d’ici à la fin de l’année d’une stratégie anti-harcèlement propre à son académie pour gérer les situations le plus rapidement possible et avec le plus d’humanité possible. Elles seront aussi évaluées sur leur gestion des situations de harcèlement au sein de leur académie. « Plus d’humain c’est évidemment plus de moyens : pour agir, pour gérer. Quand on dit qu’il faut remettre de l’humain à tous les étages, ce sont aussi des moyens. Des situations de harcèlement aussi dramatiques ne se gèrent pas avec des courriers, elles se gèrent avec de l’humanité », a-t-il déclaré. Ainsi, des personnels dédiés à la gestion du harcèlement pour leur capacité à échanger avec humanité directement avec les familles seront mobilisés au sein de chaque rectorat.
Un plan interministériel
Demain, le plan de lutte interministériel devrait être annoncé a rappelé Gabriel Attal. Des éléments de celui-ci avaient déjà fuité dans la presse ce weekend. « La philosophie de l’action que nous voulons porter avec la Première ministre, elle est claire : 100% prévention, 100% détection, 100% réaction », a-t-il déclaré. « C’est ce que nous devons aux élèves, c’est ce que nous devons aux familles, c’est ce que nous devons aux agents de l’Éducation nationale, c’est ce que nous devons à l’école de la République et c’est cette boussole qui sera la mienne dans mon action au ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse ».
Lilia Ben Hamouda