« Les propositions que l’on fait lors d’un stage comme celui-ci proviennent de nos difficultés… Cela ne peut pas se faire par en haut ». Alors que le ministère et la Cour des Comptes impulsent une réforme radicale de la formation continue, quatre professeurs d’histoire-géographie, dont Julien Ravenel, démontrent l’utilité des formations locales, en présentiel. Collectivement ils ont conçu un jeu pour répondre à une difficulté du programme du collège : comment enseigner la mondialisation.
Un jeu pour enseigner une notion difficile
Prenez quatre professeurs normands, Julien Ravenel, Aurélien Berry, Céline Chesnel et Gwec’hen Rohou. Réunissez-les lors d’un stage animé par un pédagogue talentueux, Denis Sestier. Et laissez-les travailler sur leurs difficultés à enseigner. C’est l’histoire du jeu « La ville mondiale » réalisé par les enseignants pour traiter le chapitre sur la mondialisation en 4ème.
« La mondialisation est complexe à enseigner à des adolescents de 4ème », explique Julien Ravenel, professeur au collège J Vilar de Noues-de-Sienne (14). « Des adultes seraient bien en peine de la définir ! » Alors, pour aborder cette notion, il a l’idée de la faire passer par un jeu, à l’image de ce qu’il a déjà réalisé sur la ville du futur. « Aurélien, Céline et Gwec’hen ont travaillé avec moi sur ce projet. Nous étions très motivés et nous avons pu être très efficaces pendant la formation« , animée par D. Sestier. Le résultat peut se voir et se télécharger sur le site du réseau Ludus.
« L’idée c’est d’entrer dans un sujet compliqué en se rendant moins compte des difficultés grâce au jeu« , explique J Ravenel. Les élèves doivent, en jouant, créer une ville se rapprochant le plus possible d’une ville globale bien intégrée à la mondialisation. Pour cela, ils peuvent acheter des bâtiments, des institutions, des infrastructures pour se conformer à la définition de la ville mondiale, métropole économique, politique et culturelle.
Changer le mode scolaire
Répartis en petits groupes de 4 à 5 joueurs, les élèves incarnent à chaque tour un acteur de la mondialisation. Ils sont chef d’entreprise, chef d’Etat, urbaniste, architecte, actionnaire d’une multinationale, responsable d’une association citoyenne ou même hacker. Au final, ils remplissent une fiche d’exploitation (fournie avec le jeu) qui est ensuite reprise en classe entière. Du jeu , la classe passe alors, rapidement, à une étude de cas classique.
« J’aime l’ambiance qui s’installe en classe quand on joue« , nous dit Julien Ravenel. « Les élèves se rendent compte qu’on peut travailler sérieusement mais d’une manière différente. Leur regard sur nous change. Le jeu introduit des possibilités d’échange entre les élèves mais aussi avec leur professeur. Celui-ci a plus de temps pour expliquer« .
De l’utilité des formations locales
Le jeu sort alors que la formation continue est sur la sellette. Gabriel Attal s’est fixé l’objectif d’installer toutes les formations hors temps scolaire. Une décision qui menace directement les formations académiques qui seraient remplacées par des podcasts ou des formations en ligne conçues par le ministère et ses opérateurs.
« Le jeu est né de la rencontre avec mes collègues », explique Julien Ravenel. « Cette rencontre a permis de produire le jeu très efficacement, en peu de temps. Cette formation locale est bien adaptée au terrain. Les propositions que l’on fait dans un stage comme celui-ci viennent de nos difficultés, de ce qu’on a du mal à faire en classe. On peut alors choisir les bonnes façons pour améliorer notre enseignement. Cela ne peut pas se faire par en haut« .
Propos recueillis par François Jarraud
J Ravenel sur la ville du futur