« Cette rentrée est marquée par un débat éducatif important » a déclaré Benoit Teste en introduction de la conférence de presse de la FSU. « L’éducation est au centre des enjeux mais pas forcément pour de bonnes raisons ». Pour le secrétaire général, l’École est instrumentalisée à des fins politiques, « comme en témoigne l’interview donnée par Emmanuel Macron ». « On est face à des discussions de comptoirs » dénonce-t-il. « Mais ce n’est pas nouveau. Nous, on porte les choses avec des arguments. Comme pour la réforme du bac. Il a fallu sacrifier des générations avant que le gouvernement ne fasse marche arrière – à minima avec le recul des épreuves de spécialités. Comme les discours sur les fondamentaux, instrumentalisés et brandis comme l’alpha et l’Omega de la réussite des élèves alors que lorsque l’on regarde en détail, ce n’est pas si simple ».
Pour la FSU, le gouvernement porte un projet éducatif « extrêmement dangereux ». « C’est la poursuite d’un projet politique d’une École du tri social. Comme, pour ne citer qu’elle, la réforme du lycée professionnel qui écartera un tiers de la jeunesse de la portée émancipatrice de l’école et e la formation ».
Nous ne lâcherons rien
Sur la mobilisation des personnels, Benoit Test est confiant. Malgré l’épisode de la réforme des retraites qui avait beaucoup mobilisé sans résultat, « l’ambiance est assez combative, notamment sur les questions du pacte, du manque de personnel. On aurait pu penser que le passage en force de la réforme des retraites auraient découragé les collègues mais c’est l’inverse qui s’est produit. Nous sentons que le potentiel de mobilisation est important. Il y a une volonté d’actions et de mobilisations sur le terrain». « On voit même un renouvellement de la confiance dans la force collective avec notamment des adhésions supplémentaires cet été » ajoute-t-il. Et il prévient. « La question des salaires est prédominante en cette rentrée. Il en va aussi de l’attractivité des métiers. Nous ne lâcherons ni Attal ni Guerini ».
Laissez-nous travailler
Pour le premier degré, Guislaine David, porte-parole de la FSU-SNUipp, revient sur le martelage autour des fondamentaux. « On fait lire nos élèves tous jours, c’est dans les programmes depuis longtemps. C’est même 10 heures par semaine. Donc, oui on apprend à lire au CP, il n’y a rien de nouveau. On écrit, on lit, on fait des activités mathématiques et on le fait tous les jours ». « Laissez-nous travailler » s’agace-t-elle en rappelant que la France est le pays d’Europe où l’on consacre le plus de temps aux fondamentaux au détriment de « ce qui permet de travailler une culture commune pour toutes et tous. Et cela met en difficulté les élèves les plus éloignés de l’école ».
« Alors, oui c’est important de travailler les fondamentaux, mais qu’est-ce qu’on met derrière ? L’orthographe se fait par d’autres biais que la dictée quotidienne. On sait faire, alors laissez-nous faire ».
L’ère des Uber profs ?
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU revient sur les postes non pourvus malgré les promesses de la rue de Grenelle. « Une enquête est en cours, puisque le ministère ne dit rien. On espère pouvoir vous communiquer des chiffres dès la semaine prochaine ».
Autre sujet d’actualité, le Pacte. « Là encore, pas de communication sur le nombre d’enseignants et enseignantes qui signent de la part du gouvernement » déclare la responsable syndicale. « On sent chez eux une sorte de fébrilité. Ils sont en difficulté, ils le reconnaissent à demi-mot ». Mais le syndicat a déjà sa petite idée sur ce nombre. « On a lancé une enquête auprès des collègues dès juin dernier. Les premiers retours confirment que, dans les collèges et lycées, une majorité des profs refusent le pacte. On le voit d’ailleurs dès aujourd’hui puisque dans de nombreux établissements les besoins qui devaient être couverts par le pacte ne le sont pas – rdc, devoir faits… ».
Sophie Vénétitay évoque aussi un guide RDC destiné aux chefs d’établissement. « C’est très instructif de la vision qu’a notre ministre du métier enseignant, une sorte de Uber Prof. On lit même en filigrane que ce serait bien que les profs préparent des séances d’apprentissage qui pourraient être dispensées par les AED en cas d’absence ».
Les épreuves du bac maintenus en mars en lycée professionnel
Pour le SNUEP-FSU, la réforme du lycée professionnel est passée en force. « Il y a eu une seule multilatérale avec les organisations syndicales alors que cette réforme est structurelle et managerielle » dénonce Sigrid Gérardin. « Elle est aussi mensongère car elle ne peut se déployer qu’à coups de pacte. Mais nous sommes en ordre de bataille, on conteste, et on continuera de contester le saccage du lycée professionnel. Cette réforme, c’est calibrer les jeunes sur des métiers en tension, précaires et mal payés ».
« Et on vient de l’apprendre, les épreuves du bac auront bien lieu mars. Alors qu’ils ont reculé pour la voie générale et technologique en reconnaissant les méfaits de cette réforme, ils l’appliquent en lycée professionnel. Mais quel mépris ! » s’indigne la co-secrétaire générale du SNUEP-FSU.
Les points de divergence ne manquent pas entre la FSU – et d’autres organisations syndicale – et le gouvernement. L’année sera sans doute encore chargée au niveau social. Une journée de mobilisation est d’ores et déjà prévue le 13 octobre contre l’austérité et pour l’égalité homme-femme.
Lilia Ben Hamouda