Finis les tongs et les apéros au bord de la mer, il est temps de reprendre son cartable pour retourner sur le chemin de l’École. Moment toujours exaltant et excitant, la rentrée semble avoir un goût amer pour beaucoup d’enseignantes et enseignants.
Ces dernières années n’ont pas été tendres avec les professeurs. Pour preuve, ils sont de moins en moins nombreux à avoir « la vocation ». Depuis plusieurs années, les jeunes – et les moins jeunes – boudent les concours de recrutement de professeurs.
Première conséquence : près de 3 000 postes vacants. Mais pas d’inquiétude, il y aura bien un prof devant chaque classe à la rentrée assure le Ministre. Mais à quel prix ? Souvent celui bradé d’enseignants contractuels, recrutés lors d’un entretien qui dure parfois dix minutes, formés au mieux quatre jours, et qui pour certains démissionnent au bout de quelques semaines, si ce n’est quelques jours.
Mais que s’est-il donc passé ? On nous a promis un choc d’attractivité grâce à la revalorisation historique des enseignants.Historique ? pas tant que ça semble-t-il. 70% des enseignants seront augmentés de 91 euros, montant visible sur leur bulletin de salaire à la fin du mois de septembre a promis le ministre. Ministre qui, pour gonfler le montant de cette « revalorisation historique », évoque 125 euros minimum en incluant la hausse de 1,5% du point d’indice. On reste encore loin des 10%.
Mais est-ce seulement le salaire qui démotive les potentiels candidats ? Pas vraiment. Les conditions de travail sont loin d’être folichonnes. Classes surchargées, école inclusive sans moyens (parce que parler d’école inclusive en évoquant seulement l’embauche de 6 000 AESH, c’est méconnaître les besoins d’une école inclusive), réformes à tours de bras sans s’appuyer sur les experts de terrains (les profs…), évaluationnite aiguë, liberté pédagogique bridée et le Pacte…
Le Pacte, cette revalorisation qui n’en est pas une comme l’a reconnu le nouveau ministre de l’Éducation nationale (Gabriel Attal, pas Emmanuel Macron pour ceux qui auraient un doute). Si les professeurs veulent gagner plus, ben ils n’ont qu’à travailler plus. 43 heures par semaine, ça ne semble pas assez. Le Pacte, c’est le ver dans la pomme. Entre ceux qui disent Non jamais et ceux qui, par nécessité – ou pas, du reste – signent, la désorganisation de l’École est en marche.
Mais qu’à cela ne tienne, le Ministre a tranché, les abayas seront interdites au sein de l’École de la République. On peut penser ce que l’on veut de cette décision – pertinente ou pas – mais nul ne peut nier que parler d’abaya en ces jours de rentrée sans professeurs, c’est tout de même l’abaya qui cache la forêt.
Malgré tout, le Café pédagogique vous souhaite une excellente année riche de projets et d’expressos matinaux !
Lilia Ben Hamouda