Le nombre d’élèves allophones nouvellement arrivés a connu une augmentation remarquable au cours de l’année scolaire 2021-2022, selon une enquête annuelle réalisée par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Ces élèves, qui ont des besoins éducatifs particuliers dans l’apprentissage du français langue seconde (FLS), ont été au nombre de 77 435, C’est 20 % de plus par rapport à l’année précédente.
L’obligation d’accueil dans les établissements scolaires s’applique à tous les enfants nouvellement arrivés en France, qu’ils soient allophones ou non. Cette obligation relève du droit commun et de l’obligation scolaire, et vise à assurer une intégration progressive des élèves allophones dans les classes ordinaires, tout en leur fournissant un soutien linguistique adapté à leurs besoins rappelle le service statistique du ministère.
Pour évaluer les besoins éducatifs des élèves allophones nouvellement arrivés, un test de positionnement initial est réalisé à leur entrée dans le système éducatif français. Ce test permet de déterminer leur niveau de scolarisation antérieur, leurs acquis en français langue seconde et leurs compétences scolaires. Les résultats de ce test guident les équipes pédagogiques dans la mise en place de réponses pédagogiques adaptées à chaque élève.
L’enquête de la DEPP révèle que la grande majorité des élèves allophones nouvellement arrivés étaient déjà scolarisés avant leur arrivée en France, dans 85 % des cas. Pendant cette scolarisation antérieure, la plupart d’entre eux étaient scolarisés dans leur langue maternelle. Le service statistique note que le nombre de langues parlées par les élèves allophones augmente avec l’âge, avec 41 % des élèves de 16 ans ou plus parlant au moins deux langues en dehors du français.
Des disparités d’accueil
La répartition des élèves allophones nouvellement arrivés varie d’une académie à l’autre. Certaines académies ont enregistré des augmentations significatives par rapport à l’année précédente, telles que Nice (+ 68 %), Normandie (+ 68 %), Besançon (+ 62 %), Dijon (+ 57 %) et Strasbourg (+ 50 %). En revanche, les effectifs ont diminué en Guadeloupe (- 26 %) et à La Réunion (- 14 %).
La prise en charge des élèves allophones varie également selon le degré de scolarisation. Dans les écoles élémentaires, l’évaluation est généralement réalisée par un enseignant ayant une certification complémentaire dans l’enseignement du français langue seconde, tandis que dans le second degré, les centres d’information et d’orientation (CIO) et les centres académiques pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés (CASNAV) jouent un rôle clé dans le positionnement des élèves.
Apprentissage de la langue mais pas seulement
Malgré les efforts déployés, certains élèves allophones nouvellement arrivés peuvent rencontrer des difficultés dans leur parcours scolaire explique la Depp. Les principaux défis auxquels ils font face sont liés à l’apprentissage de la langue française, à l’adaptation à un nouvel environnement culturel et à l’intégration sociale.
Les établissements scolaires mettent en place des dispositifs spécifiques pour soutenir l’ acquisition du français des élèves nouvellement arrivés, tels que des classes d’accueil ou des dispositifs d’UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants). Ces dispositifs offrent un enseignement adapté à leur niveau de langue et à leurs besoins spécifiques.
Les établissements scolaires peuvent mettre en place des actions d’accompagnement et de médiation interculturelle pour faciliter l’adaptation à un nouvel environnement culturel. Adaptation qui peut être un défi pour les élèves allophones qui doivent se familiariser avec les codes sociaux et culturels français, ainsi qu’avec le fonctionnement du système éducatif.
Pour soutenir l’inclusion et la réussite des élèves allophones, la formation des enseignants joue un rôle essentiel note les auteurs de la note. Des formations spécifiques sur l’enseignement du français langue seconde et sur l’accompagnement des élèves allophones sont proposées aux enseignants, afin de renforcer leurs compétences dans ce domaine. Des dispositifs de suivi et d’évaluation sont aussi mis en place pour mesurer la progression des élèves allophones nouvellement arrivés. Des bilans réguliers permettent de réajuster les dispositifs pédagogiques et de fournir un soutien individualisé si nécessaire.
Lilia Ben Hamouda