Dans une note de service adressée aux recteurs et DASEN, le ministère confirme sa volonté d’amplifier le dispositif « deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens ».
Les deux heures, annoncées par le président en avril 2022, seront déployées dans 700 collèges volontaires à partir de la rentrée 2023. Cette mesure vise à soutenir la pratique sportive des élèves âgés de 11 à 14 ans, qui présentent un décrochage significatif dans ce domaine explique le ministère. Un tiers des garçons et seulement un quart des filles pratiquent une heure d’activité physique quotidienne recommandée par l’OMS, selon une étude de la DEPP et de l’INJEP en 2022. Les « deux heures » seront prioritairement « offertes aux élèves les plus éloignés d’une pratique sportive régulière, notamment ceux qui ne sont pas inscrits à une association sportive scolaire ou à une structure sportive… Une attention particulière sera accordée aux filles et aux élèves en situation de handicap » indique la note. Les chefs d’établissement volontaires devront organiser ces deux heures supplémentaires en dehors du temps scolaire, en cohérence avec le projet d’établissement et en concertation avec l’équipe pédagogique d’EPS. Cette offre, gratuite pour les élèves, complétera l’offre sportive existante et sera promue dès septembre auprès des élèves et de leurs familles. Les associations sportives affiliées aux fédérations sportives agréées, ainsi que celles agréées « Sport » ou « Jeunesse Éducation Populaire », pourront participer à cette initiative. Les professeurs d’EPS, munis de la carte professionnelle d’éducateur sportif, pourront intervenir dans les activités physiques et sportives proposées par les clubs et associations, avec l’autorisation du chef d’établissement. Cette expérimentation est chapeautée par le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques (MSJOP) – qui finance l’opération – et de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (MENJ).
« Ce sont 4 heures d’EPS dont ont besoin les élèves »
« Ces deux heures de sport en plus, c’est tout sauf la solution à la sédentarisation de certains élèves » s’agace Coralie Benech, secrétaire générale du Snep-FSU. « Par ailleurs, elles ont plusieurs effets délétères. Le premier, c’est la mise en concurrence avec l’existant. L’utilisation des installations sportive est déjà source de tensions entre les heures d’EPS à l’emploi du temps et l’AS (association sportive du collège). Ces deux heures supplémentaires organisées par le tissu associatif sportif local vont venir rajouter de la difficulté ». Second effet, elles amplifient les inégalités territoriales d’accès aux activités sportives selon la responsable syndicale du syndicat des professeurs d’EPS. « Et pour finir, à l’AS, les élèves doivent payer. Les professeurs se démènent pour monter des projets – ce qui est loin d’être évident – afin de bénéficier de subventions, car il n’y a pas de financement. Là, pour ces deux heures, le gouvernement trouve de l’argent » dénonce-t-elle. Depuis plusieurs années, le syndicat revendique 4 heures d’EPS inscrites à l’emploi du temps de chaque collégien. « 4 heures d’EPS, c’est le seul moyen de lutter contre la sédentarité. Et que l’on ne nous réponde pas qu’il y a pénurie de professeurs. Notre concours est un des rares à être en tension car il y a très peu de places par rapport au nombre de candidats ».
« Ce dispositif n’a aucun sens. Sauf à vouloir éviter de mettre la main à la poche au niveau de l’Éducation nationale. C’est une manœuvre politique de communication. On sait bien que les élèves sédentaires, ceux qui ne font pas d’EPS en dehors des cours obligatoires, ont besoin d’heures de cours en plus et pas d’un dispositif qui viendra se superposer à de l’existant » ajoute Coralie Benech qui déplore qu’aucun bilan de l’expérimentation n’ait eu lieu. « Les retours que nous avons montrent que très peu d’élèves se sont inscrits dans ce dispositif dans les collèges participant à l’expérimentation. Dans l’académie de Lille, certains établissements sont allés jusqu’à organiser des cours de pêche ou d’échecs pour répondre à cette demande. Pas terrible pour lutter contre la sédentarité, non ? » ironise-t-elle.
Lilia Ben Hamouda