Pour Patrick Baranger, président de la Conférence des directeurs d’IUFM, directeur de l’IUFM de Lorraine, le passage à la masterisation est un changement nécessaire : « Nous avons revendiqué de faire sauter le barrage du concours à Bac + 4, pour sortir de l’accumulation d’une année de bachotage (la préparation du concours) suivie d’une année de surmenage (PE2 ou PLC2). A ceux qui y voient une disparition programmée des IUFM, il oppose les acquis des savoirs sur les métiers d’enseignants : « nous savons qu’une bonne formation d’enseignants doit conjuguer la maîtrise des savoirs académiques, mais aussi professionnels, comme le précise le référentiel de compétence des enseignants ».
Pour lui, le processus de Lisbonne lui-même, au nom duquel on cherche à faire converger les systèmes de formations d’enseignants en Europe, insiste fortement sur la dimension professionnelle de la formation.
C’est pourquoi il pense qu’il est inenvisageable que le projet français privilégie un mastère purement « académique », c’est-à-dire uniquement centré sur les savoirs disciplinaires, « qui ne permettent d’enseigner que dans quelques classes prestigieuses de lycée ». « Ce serait une catastrophe pour le système éducatif. On risquerait de plonger dans le grand bain de la classe des gens qui ne savent pas nager, en priant pour qu’ils apprennent ». La perspective de « tutorat par des enseignants chevronnés » ne pourrait suffire : « même avec quelqu’un qui crie sur le bord de la piscine ce qu’il faut faire, on ne remplace pas le maître-nageur ».
Pour lui, la masterisation annoncée va donc donner l’occasion aux IUFM, récemment intégrées aux universités, d’avoir toute leur place dans la définition de maquettes mastères exigeants, qui « permettront un saut qualitatif tant sur le plan des contenus que sur le plan des compétences professionnelles », en « tenant les deux bouts ». Cela va sans doute passer par quelques remises en question, mais le travail nécessaire entre l’Université et sa composante IUFM lui semblent la seule alternative.