Par Béatrice Crabère
Assurer sa propre succession
L’exemple de Dominique Ivart, PRAG de russe à Amiens, est édifiant : elle a su retarder son départ en retraite d’un an pour sauver son poste menacé de fermeture et a trouvé elle-même le jeune professeur qui a repris son poste.
Voici un extrait de la lettre qu’elle a envoyée à l’AFR, relayée par Stéphane Dupuy sur la liste de diffusion :
« Voici ce qui s’est passé pour le russe à l’université d’Amiens : je devais prendre ma retraite le 1er septembre 2011. Mais en juin 2011, je ne savais toujours pas qui allait être nommé sur mon poste. On évitait de répondre à mes questions, on me disait qu’on résoudrait le problème à la rentrée. Des bruits circulaient selon lesquels mon poste serait attribué au chinois et que l’enseignement du russe serait assuré par un vacataire.
La disparition du russe me semblait programmée. Je ne pouvais accepter cette situation. 112 étudiants (sur quatre niveaux) avaient choisi le russe comme 3ème langue et j’avais toujours eu à cœur de leur transmettre mon enthousiasme pour la langue et la culture russes. Je refusais obstinément la suppression de mon poste.
Aussi, dès le début du mois de juillet 2011, pour contrecarrer cette suppression probable, je déclarai que je renonçais à prendre ma retraite.
Et l’année 2011-2012 fut particulièrement bénéfique : voyage très réussi à Saint-Pétersbourg (sans aucune aide de l’université) et préparation minutieuse de ma succession.
Une ancienne étudiante, Cécile Deramond, normalienne et agrégée, en poste au lycée Champollion de Grenoble, Amiénoise d’origine, me contacta dès le mois de septembre pour prendre ma succession. Toutes deux avons lutté avec acharnement pour le maintien du poste !
Cécile Deramond est venue plusieurs fois à Amiens au cours de l’année, a été présentée au directeur de la faculté des langues, aux divers services administratifs. Et nous avons gagné. Le poste de PRAG a été sauvé.
Donc, j’ai pu prendre ma retraite en septembre 2012 et Cécile Deramond, qui s’est installée à Amiens, m’a remplacée.
Tous les cours ont été maintenus, même l’option «Littérature russe » (merveilleux à notre époque !). Et trois étudiants amiénois sont partis en stage pour un an à l’université de Saint-Pétersbourg.
Je pense qu’il ne faut jamais abdiquer mais toujours se battre pour essayer de gagner. »
« Le russe est la ballerine de l’Education Nationale », disait Gérard Baudesseau, IPR de russe il y a quelques années, et qui le tenait lui-même d’un inspecteur général… Une vidéo du discours de départ en retraite de notre collègue nous confirme que les ballerines savent encore se rendre indispensables !
http://comment-apprendre.com/parlerenpublic/video/q9jsZletFZs/UFR-Langues-39.html
La situation du russe en 2011-2012
Françoise Duchêne, dans le dernier bulletin de l’AFR (janvier 2013), nous livre quelques chiffres-clés : une baisse des effectifs de 2% dans l’enseignement public, portant à 12030 les inscrits, et 16 professeurs en moins. Plus inquiétant que la baisse du nombre des collègues (222 privé et public confondus), c’est leur répartition selon leur statut qui attire l’attention, avec 53 (soit près d’un quart) vacataires et contractuels !
Combien y aura-t-il de postes au CAPES 2014 ?
Les chiffres détaillés se trouvent dans le Bulletin de L’AFR 56.
Pour adhérer et recevoir le bulletin :
http://www.afr-russe.fr/spip.php?article26