Plus de de 780 000 élèves de CP ont passé l’évaluation point d’étape mi-CP en français et en mathématiques (soit 98% des élèves scolarisés en CP) entre janvier et février dernier. Les résultats montrent que les filles sont plus compétentes que les garçons en français, et que la tendance s’inverse en mathématiques. Ils montrent aussi que pour les réussir mieux vaut être scolarisé dans le privé ou hors éducation prioritaire.
La Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) a rendu son rapport dans lequel elle analyse les résultats des élèves, en les comparant aux années précédentes, mais aussi la perception qu’ont les enseignants et les IEN (inspecteurs de l’éducation nationale) de ces évaluations standardisées.
Selon le service statistique du ministère, les filles sont toujours globalement plus performantes en français. Les garçon, en mathématiques. Les écarts de résultats entre l’éducation prioritaire (EP) et le hors EP s’est réduit d’au moins 0,5 point dans sept des douze domaines évalués. Dans les cinq autres domaines, « les écarts peuvent être considérés comme stables ». « Sur les trois compétences évaluées en français à la fois en début de CP et à mi- CP sur la cohorte d’élèves entrés en CP en 2022, les écarts entre l’éducation prioritaire et le public hors éducation prioritaire diminuent pour deux domaines » indique le service statistique du ministère . « Les baisses sont respectivement de 4,6 points entre début de CP et mi- CP pour la connaissance du nom des lettres et du son qu’elles produisent, de 3,6 points pour la manipulation des phonèmes. Pour le domaine «comprendre des phrases lues par l’enseignant, une hausse des écarts de 0,6 point est perceptible. Sur les deux compétences de mathématiques évaluées à la fois en début de CP et à la mi- CP sur cette même cohorte, les écarts entre l’éducation prioritaire et le public hors éducation prioritaire diminuent aussi : baisse de 5,4 points en résolution de problèmes et de 2,8 points en écriture de nombres ».
Résultats en Français
En français, l’exercice pour lequel les élèves de CP rencontrent toujours des difficultés est celui de la compréhension de phrases lues seuls – seulement 61,4% des élèves y arrivent. Les exercices dans lesquels le niveau est le plus élevé sont la compréhension de phrases à l’oral (84,1%), la connaissance du nom des lettres et du son qu’elles produisent (87,6%) et la manipulation des phonèmes (84,3%). Moins de 9% des élèves de CP ne sont pas encore entrés dans la lecture à la mi-CP ni dans l’encodage des syllabes.
Selon la Depp, les résultats baissent dans quatre des domaines sur huit évalués entre 2021 et 2023, l’année 2022 ne pouvant servir de point de comparaison car les évaluations avaient été décalées. Il s’agit de « comprendre des phrases lues seul », « lire à voix haute un texte », « lire à voix haute des mots » et « écrire des mots dictés ».
Le secteur d’enseignement influe sur les résultats des évaluations. En français, toujours, dans le domaine de compréhension orale « comprendre des phrases lues par l’enseignante », il y « 23,3 points de différence entre les proportions d’élèves de REP+ et ceux du public hors EP présentant une maîtrise satisfaisante ». Et entre les élèves scolarisés en REP+ et ceux scolarisés dans le privé, c’est 27,9 points.
Résultats en mathématiques
En mathématiques, seuls 57,5% ont une maitrise suffisante dans le domaine de la résolution de problèmes. 20% des élèves rencontrent des difficultés dans les additions en ligne, en soustraction c’est un peu plus de 21 %. Dans les exercices les plus réussis – avec 75% de maîtrise satisfaisante, on retrouve « placer un nombre sur une ligne graduée », « comparer des nombres » et « écrire des nombres entiers ». Entre 2021 et 2023, « l’évolution des résultats est positive dans deux domaines » selon la Depp. +1,2 point pour « soustraire » et +2,1 points pour « résoudre des problèmes ». Elle est stable dans les deux autres domaines. En maths aussi, la Depp souligne des différences de résultats en fonction du secteur de scolarisation. Ainsi en résolution de problèmes, alors que 63,2% des élèves scolarisés dans un établissement privé sous contrat ont une maitrise satisfaisante, c’est 59,3% dans une école publique et 42, 8% en REP+. Soit 20,4 points d’écart entre le privé et la REP+, et 16,5 entre le hors EP et la REP+.
Les professeurs globalement satisfaits
Le 23 février dernier, les enseignants ayant fait passer les évaluations ont été invités à répondre à un questionnaire. 6 775 y ont répondu, mais seulement 1 947 de manière complète. Le service statistique en tire néanmoins de conclusions. Alors qu’ils étaient 76,25% à juger les exercices de français pertinents « pour connaître les besoins des élèves » en 2022, ils sont aujourd’hui 87%. En mathématiques, ils étaient 68,5, ils sont 87,6% cette année. Alors que près d’un enseignant sur deux avait déclaré avoir rencontré des difficultés dans la saisie des résultats des élèves en 2022, ils sont 72% à être satisfait pour cette édition. Concernant le temps alloués à la saisie des résultats, ils sont 21% à indiquer 10 minutes par élève (contre 36% en 2022), et 21% 20 minute (contre 32%). Les enseignants ont pu avoir accès à des restitutions des résultats de leurs élèves sous plusieurs formes : tableau de résultats et fiche de restituions individuelle qu’ils ont estimé utiles pour 86% d’entre eux.
Sur l’intérêt de ces évaluations, 65% estiment qu’elles peuvent exercer une influence sur leur pratique dans la mise en place de groupes de besoin. 91% qu’elles ont permis de confirmer des difficultés déjà notées et 42% qu’elles ont permis de déceler des difficultés.
Des IEN très satisfaits
Du côté des IEN – Inspecteurs de l’Éducation Nationale – 605 ont répondu au questionnaire, 263 de façon complète. Entre 86% et 94% d’entre eux jugent favorablement ces évaluations. Invités à exprimer « d’éventuelles réserves vis-à-vis de certains exercices », 22% interrogent l’exercice de la phrase lue seul, et 33% l’exercice de la ligne graduée. 86% des IEN indiquent que ces évaluations impactent l’organisation de leur plan de formation, 92% qu’elles influeront sur l’accompagnement des équipes, 75% qu’elles influeront sur la pratique des enseignants, 87% qu’elles ont permis de déceler des besoins dans leur circonscription et 89% qu’elle a permis de confirmer ces besoins.
Lilia Ben Hamouda
Pour lire le rapport, c’est ici