Mais comment le ministère calcule-t-il le taux de grévistes dans le second degré ? Un chef d’établissement – Jean Zay – nous explique les consignes reçues ainsi que le mode de calcul du logiciel MOSART.
Quelques jours avant un jour de grève, dans l’éducation nationale, les personnels de direction reçoivent un message de leur hiérarchie leur demandant de renseigner, avant 9h15 (le jour de grève), le nombre de personnel grévistes dans leur établissement. C’est sur cette base que le ministère publie ensuite, dans la journée, le taux de grévistes au sein de l’éducation nationale.
Ce chiffre est systématiquement sous-évalué. Cela tient au fonctionnement de l’application informatique qui ne permet pas de donner une vision de la réalité de l’importance de la mobilisation. Démonstration :
A 8h et à 9h, les personnels de direction passent dans les salles de classe pour vérifier la présence ou l’absence des enseignants. A 9h15, ils font donc remonter le nombre de professeurs absents sur ces deux créneaux horaires par le biais de l’application MOSART (MOdule de Suivi des Absences et des Retenues sur Traitement) et c’est à ce moment que la « machine » dysfonctionne. En effet, dans l’hypothèse où cinq enseignants sont grévistes à 8h et à 9h, certains d’entre-deux peuvent démarrer leurs cours à 10h, ou plus tard dans la journée. Certains d’entre eux n’ont parfois même pas cours ce jour-là. Or, l’application MOSART calcule le taux de grévistes non pas sur le nombre d’enseignants attendus ce jour-là à 8h et à 9h, mais sur la totalité des professeurs en postes dans l’établissement. Ainsi, le chiffre retenu par le ministère est systématiquement sous-évalué.
Exemple :
Professeurs attendus à 8h et 9h : 10
Professeurs grévistes à 8h et à 9h : 6
Taux de grévistes : 60 %
Pour l’application MOSART, le nombre de professeurs grévistes est rapporté au nombre total d’enseignants de l’établissement. Ainsi, dans un collège où travaillent 50 professeurs, le taux de grévistes retenu par l’application est de 6/50, c’est à dire 12 % ; bien loin de la réalité.
Jean ZAY, Principal de collège.