Modifié à 22h20 – « Mission confirmée. Contactez le manager ». Le manager c’est le directeur de l’école où Jacqueline (prénom changé) est nommée en remplacement. Dans les départements de la Somme et du Lot le ministère expérimente les services de la startup Andjaro dans la gestion des remplacements du premier degré. La mesure découle du Grenelle de l’éducation. Mais elle fait réagir les syndicats.
« La bonne personne. Là où vous en avez besoin. Maintenant. Trouvez du personnel pour vos besoins court terme en temps réel et en toute simplicité. Mobilisez instantanément les collaborateurs appropriés et disponibles, internes ou externes, grâce à une plateforme de staffing omnicanale ». Andjaro n’affiche pas l’Education nationale parmi ses clients. Elle met en avant Sodexo, Engie, Elior etc. La startup promet de « maximiser la productivité et la rentabilité de votre entreprise » par « une vision unifiée, en temps réel, de votre personnel ». Il s’agit grace à la plate forme de gestion de « mettre votre personnel en sous-effectif à disposition pour des missions ponctuelles ». Les « personnels mobilisés » reçoivent instantanément leur affectation avec indication du temps de trajet sur leur boite mail et leur téléphone mobile.
Pour le Dasen de la Somme, selon le Snuipp 80, « l’application est un outil qui doit rendre le quotidien des remplaçant-e-s et des personnels administratifs plus aisé. Passer par une société privée est plus rapide ». Interrogé par le Café pédagogique, le ministère de l’éducation nationale assure que ce sont des personnels Education nationale qui gèrent la plateforme.
Les syndicats se mobilisent contre cette application et une pétition est lancée pour en demander le retrait. « L’utilisation de cette application risque de déshumaniser la gestion du remplacement »,note uneintersyndicale Snuipp Fsu, Sud, Cgt et FO. « Les personnels administratifs de l’Education nationale, bien qu’en nombre insuffisant, restent des interlocuteurs privilégiés et à l’écoute. Ce ne sera certainement plus autant le cas avec cette start – up ». Enfin les syndicats dénoncent « la privatisation d’un pan du service public d’éducation vers une start-up ». Le gain en personnel sera aussi dans les circonscriptions…
F Jarraud