Sur le site des Langues et Cultures de l’Antiquité Odysseum, Emmanuelle Valette, professeuse à l’Université Paris VII, consacre un article au « Masculin / Féminin ». De « nouvelles perspectives sur l’histoire des femmes romaines » montrent la construction antique du genre féminin par la langue et le regard masculins. Ainsi, « en latin, les emplois de l’adjectif de qualité muliebris, formé sur mulier, sont particulièrement éclairants. Pouvant servir à dénoncer des défauts proprement féminins (comme le bavardage ou la curiosité) ou simplement à construire, dans des expressions figées, une « nature féminine » (ex. imbecillitas muliebris, la faiblesse des femmes), qui participe ainsi d’un savoir partagé, muliebris peut aussi être employé pour stigmatiser l’effémination d’un individu de sexe masculin. Cet adjectif apparaît donc comme un outil essentiel dans la construction du genre, plus qu’un terme propre à la désignation du sexe féminin. Il ne renvoie ni à une essence, ni à un sens biologique, mais à une construction culturelle, le « féminin ». »