Au deuxième jour du nouveau bac, les incidents se multiplient. Jean-Michel Blanquer s’enfonce dans le déni. L’affaire devient politique avec une interpellation du ministre, mis devant ses responsabilités, à l’Assemblée nationale. Et rien ne dit que demain soit meilleur pour les élèves, leur famille, les enseignants et le ministre…
Le déni
Il faut qu’il soit à bout, JM Blanquer, pour présenter Patrick Hetzel, député LR, ancien recteur, ancien conseiller éducation du premier ministre François Fillon, comme un « radicalisé ». Le 21 janvier, répondant à l’interpellation du député sur les désordres qui accompagnent les premières épreuves du bac 2021, les épreuves de contrôle continu, JM Blanquer a nié les problèmes tout en en rendant responsables tous ceux qui en parlent.
« Dans l’immense majorité des cas ça se passe dans la sérénité », affirme le ministre. « Il n’y a donc pas impréparation. Au contraire il y a une bonne préparation. En revanche dans 10% des cas il y a eu des perturbations qui sont dues à des personnes qui se plaignent ensuite du désordre… Dans des territoires entiers il n’y a pas de problème, par exemple dans l’outre mer tout se passe bien. Il y a juste des gens qui jouent le jeu du désordre. Voulez vous vous joindre aux groupuscules radicaux? »
La réponse de Patrick Hetzel a été cinglante. Après avoir rappelé au ministre qu’il avait pris « la mauvaise décision en juin pour le bac 2019 en créant pour la première fois une iniquité de traitement entre les candidats », le député demande à JM Blanquer s’il « est prêt à faire en sorte qu’il y ait une équité de traitement. Parce que vous êtes en train de développer une fois de plus de l’inéquité, de faire en sorte que le bac n’ait plus de valeur. Vous faites en sorte que le bac ne sera plus une garantie pour les familles ».
Un peu plus tard, répondant à M Victory, PS, qui demande de la concertation sur le bac et des indemnités pour les équipes pédagogiques, JM BLanquer fait le même genre de réponse. « Il n’y a pas de désordre particulier en dehors des désordres créés par ceux qui parlent de désordre. Il faut savoir choisir votre camp ».
Des mensonges et des incidents
Contrairement à ce que dit le ministre, la deuxième journée des épreuves du bac a été marquée par de nombreux incidents. Et d’abord en outre mer. Alors que le ministre dit qu’il ne s’y passe rien, selon France Télévision, 77% des établissements secondaires sont fermés en Martinique soit 30 collèges sur 43, 12 lycées sur 13 et 8 L.P. sur 9. En Guadeloupe « la très grande majorité » des établissements sont fermés selon la même source.
En métropole, dans plusieurs lycées les épreuves n’ont pu avoir lieu. Par exemple, à Annecy des enseignants ont bloqué le lycée y compris le coffre où sont stockés les sujets. A Bordeaux l’électricité a été coupée dans 4 lycées, en plus des blocages. Il y a aussi les désordres créés par l’administration qui a largement fait appel à des retraités pour surveiller les épreuves à la place des enseignants grévistes. A Melle un retraité s’est trompé dans le sujet entrainant une contestation de l’épreuve de langue par les élèves. A Joué les Tours, le rectorat a embauché comme surveillant un retraité de 83 ans qui s’est blessé dans le lycée. Des enseignants signalent que des élèves font circuler les sujets des épreuves sur Snapchat. Et l’opposition martèle par la voix de P Hetzel : « Vous avez la responsabilité de la bonne organisation du service public d’éducation. Les lycéens n’ont pas à être sacrifiés au gré de votre impréparation ».
L’enseignement agricole demande la suppression de la session
Et puis c’est au tour des syndicats de l’enseignement agricole de demander au ministre de « renoncer à cette session » des épreuves de controle continu. Après les syndicats du public et du privé de l’éducation nationale, l’intersyndicale de l’enseignement agricole s’y met. Elle réunit la Cgt, FO, le Sgen Cfdt, la Fep Cfdt (privé),le Snetap Fsu et Sud. Tous se plaignent des problèmes matériels, comme le retard pour accéder à la banque de sujets ou ceux liés à la dématérialisation des copies, l’inadéquation des sujets avec les progressions des enseignants, l’absence de temps de concertation, le stress etc. Encore des « radicalisés » ?
François Jarraud