Lors des questions au gouvernement, le ministre de l’Éducation nationale a été interpellé sur les questions de la revalorisation et du manque de remplaçants. Les réponses seront loin de rassurer enseignants et enseignantes.
Sur la question de la revalorisation, c’est Fabrice Le Vigoureux, du groupe Renaissance qui interroge le ministre. « Le budget de l’EN est le premier de notre nation. Vous avez demandé que l’augmentation très significative de votre ministère soit dédiée en grande partie à la revalorisation des carrières des enseignants… qu’en moyenne ils bénéficient d’une hausse de 10% à compter de la prochaine rentrée et même jusqu’à 20% s’ils s’engagent dans des missions complémentaires que beaucoup accomplissent déjà sans contrepartie. C’est l’amorce d’un grand rattrapage après quatre décennies d’affaissement, indispensable pour que nos étudiants reconsidèrent l’enseignement comme voie attractive. Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous repréciser votre feuille de route ? ».
Revalorisation …. Mais pas de 10% et pas pour tous
Ses fiches à la main, le ministre répète un discours déjà bien connu des enseignants et enseignantes. Revalorisation il y aura – mais pas pour tous et sous conditions. « La question de l’attractivité est une priorité du gouvernement, en témoigne l’augmentation importante du budget de l’Éducation nationale, + 6,5%. L’engagement des enseignants doit être mieux reconnu, c’est incontestable. J’ai débuté le cycle de concertation sur l’attractivité et la revalorisation avec les syndicats. Cette revalorisation porte sur deux dimensions. Une revalorisation socle, elle concernera le plus grand nombre possible d’enseignants. Les enseignants en première moitié de carrière, mais il est possible aussi que les enseignants en seconde moitié de carrière soient concernés aussi. C’est un des points de la concertation. Cette dimension équivaudrait à une revalorisation de 10%. Deuxième dimension, une revalorisation liée à l’exercice à de nouvelles missions définies en concertation avec les syndicats. Les enseignants volontaires recevront une augmentation de 10%. Ce qui ferait un total de 20% pour les enseignants concernés. L’objectif est de finir les concertations en mars pour une mise en œuvre en septembre. Cet engagement du gouvernement traduit notre considération pour les professeurs et le fait que les professeurs doivent être mieux traités, mieux payés et c’est ce que précisément nous allons faire » conclut le ministre.Si les professeurs mesurent la considération du gouvernement à la hauteur de cette revalorisation, nombreux risquent d’être déçus…
Remplacements : aucune réponse concrète
Sur la question des remplacements, c’est Agnès Carel, du groupe Horizon qui apostrophe le ministre. « Monsieur le ministre comme beaucoup de français je suis inquiète du manque d’enseignants remplaçants ». Le député donne l’exemple de sa circonscription où certains élèves ont eu 92 jours d’absences non remplacées, ou d’autres en maternelle n’ont pas classe depuis novembre dernier… Pour le ministre, « la question du remplaçant est une question essentielle pour la continuité pédagogique. Dans le premier degré, ce sont des brigades de remplaçants, qui représentent 9% des effectifs. Mais là aussi, nous sommes touchés par des par des difficultés de recrutement ». Selon Pap Ndiaye, la réponse s’articule autour de trois axes : la revalorisation, l’organisation de concours internes exceptionnels pour les contractuels dans les académies de Versailles, Créteil et en Guyane, et « de façon plus structurelle, nous devons réfléchir au recrutement et à la formation des professeurs. Nous y répondons par la formation d’élèves-professeurs qui seront titularisés au bout de cinq ans ».
Difficile d’imaginer comment ces trois « voies » pourraient apporter une réponse concrète à la pénurie d’enseignants. La revalorisation ne doit pas sembler attractive aux potentiels candidats aux concours du professorats puisque de l’aveu même de la rue de Grenelle, cette année encore les concours sont loin de faire le plein. Le concours interne pour les contractuels ? Ces contractuels sont déjà en poste, ça ne fera pas plus d’enseignants à al rentrée. Et quant aux élèves-professeurs, il est encore trop tôt pour en voir les effets, la première promotion est en L2 (licence 2) actuellement.
Pour le second degré, le ministre rappelle que dans la revalorisation possible des professeurs du second degré, les remplacements de leurs collègues seraient considérés comme des missions supplémentaires revalorisées. C’est mal connaître le fonctionnement des collèges et des lycées. Comment remplacer un collègue absent sans connaître ses élèves, l’état de sa progression… et encore, faut-il être présent dans l’établissement et ne pas avoir cours pour pourvoir remplacer au pied levé…
Malgré la promesse de Pap Ndiaye « Vous verrez la différence à la rentrée », peu de chances que le ciel s’illumine en septembre prochain… surtout avec les 1500 postes en moins de prévu…
Lilia Ben Hamouda