À la découverte du jardin de l’école de Millay
Cristine Géobard, enseignante à l’école Yvonne Moreau à Millay (58), initie ses 22 élèves de Cm1 et Cm2 à l’écriture journalistique. Ils publient un texte dans le dernier numéro du « Journal des Twittclasses ». Un exercice qui permet de travailler des compétences de maitrise de la langue, mais aussi d’avoir une ouverture sur le monde, de rencontrer – virtuellement – d’autres élèves et de partager un projet commun. « L’année dernière, la classe était lectrice du « Journal des Twittclasses ». Les élèves et moi-même avons eu plaisir à lire les 3 numéros et à échanger via l’espace Twitter sur les différents articles proposés. Et puis cette année, on s’est dit pourquoi pas nous… Cette décision a été prise collectivement en début d’année » raconte l’enseignante.
L’école Yvonne Moreau est une petite école rurale de la Nièvre. Fonctionnant en Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI), elle est composée de trois classes qui accueillent les élèves de petite, moyenne et grande section ainsi que les classes de cycle 3, soit 70 élèves. En Ce1 et Ce2, les élèves sont scolarisés dans un village voisin, Chiddes (58), à l’école Paul Sarette.
Un projet collaboratif pour rompre l’isolement
Enseigner en milieu rural, dans de petites écoles, c’est parfois se sentir isolé. Pour rompre cet isolement, certains enseignants et enseignantes utilisent les réseaux sociaux – version moderne de la correspondance entre classes.
Pour Cristine, participer à l’aventure du Journal des Twittclasses « permet à notre école de s’ouvrir. C’est l’occasion de rencontrer des écoles en France et à l’étranger – souvent bien différents de la nôtre. C’est la possibilité de travailler sur un projet qui dépasse le cadre de l’école et de partager des valeurs communes avec d’autres ». Mais participer à un projet d’une telle envergure que le Journal des Twittclasses a aussi permis à Cristine de rompre l’isolement professionnel que peuvent rencontrer les enseignants et enseignantes exerçant en milieu rural. « Cette expérience m’a permis de rencontrer d’autres enseignants, de travailler au sein d’une équipe à grande échelle. On est à la fois guidé avec des propositions de ressources, de documents. C’est très sécurisant. Mais on est à la fois très libre. Chacun peut faire des propositions, proposer des documents, choisir le sujet de son article… ».
Un projet riche pédagogiquement
Du côté de l’intérêt pédagogique, Cristine en voit de nombreux. « Ce projet est l’occasion de travailler les différentes notions des programmes en situations réelles. Cela fait sens pour les élèves. Ils sont plus actifs, plus impliqués ».
Ce projet d’écriture collaborative permet aux élèves découvrir d’autres classes et donc d’autres lieux de vie qu’ils ont pu situer sur une carte de France, du monde. Il permet aussi de découvrir d’autres projets de classes et de susciter l’envie de les réaliser, « cela a été le cas pour les échecs que nous avons choisi de réaliser dans notre classe » explique Cristine.
La classe de Cm1 et Cm2 a pu aussi s’initier à un nouveau type d’écrit, l’article de presse, jamais travaillé jusque-là. « Ils ont écrit sur un sujet qu’ils ont choisi. Cela a donc donné du sens aux acquis d’étude de la langue » complète l’enseignante.
Et puis, c’est aussi un exercice riche quant à l’apport de compétences transversales. « Écrire pour être lu, c’est se positionner en tant qu’auteur avec l’envie d’être le plus précis possible pour partager son projet avec des camarades qui n’étaient pas présents, avec les familles… » poursuit Cristine. « Ils ont aussi appris à collaborer avec d’autres. À comprendre l’importance des règles, de la précision de la consigne, des contraintes liés à l’article. Et pour finir, on s’est interrogés sur ce qui est permis de diffuser ou non : le droit à l’image, les différents types informations ».
Un article sur le jardin de l’école
« À l’école, une place importante est accordée à la protection de la nature. Les écoliers réfléchissent, chaque année, à de nouvelles idées pour le jardin. Petite visite guidée… » peut-on lire en guise de chapô (Ndlr : texte court coiffant un article) de leur article. Et en effet, c’est ce que nous proposent les élèves de l’école de Millay. À la lecture de leurs articles, on découvre que l’école a un potager – du nom d’une résistante et ancienne enseignante de l’école !
On découvre aussi que leur jardin sert d’abri aux hérissons lors de leur hibernation, que les oiseaux peuvent s’abreuver dans une mangeoire fabriquée par les élèves de Gs et Cp et qu’à l’aide d’un artiste graffeur – Damien Tissier – les élèves ont peint une fresque.
« Le choix de l’article s’est fait collectivement. Nous avons pris le temps de détailler chaque partie qui le composerait » observe Cristine. « L’écriture a été faite par les élèves et s’est déroulée en plusieurs temps. Dans un premier temps, il y avait une phase individuelle où chaque élève a choisi de travailler sur une partie de l’article. Chacun a rédigé son propre texte. Ensuite, une phase en groupe, le cercle d’écriture, lors de laquelle, en petits groupes, chacun a utilisé son propre écrit pour réaliser un nouvel écrit enrichi. C’était l’occasion de découvrir que chacun voit et écrit les choses différemment… Cela a permis d’aborder la notion de point de vue. Et pour finir, une phase collective. Les différents paragraphes ont été soumis au groupe classe qui en a fait la révision puis la relecture ».
Les élèves semblent avoir apprécié leur participation au « Journal des Twittclasses ». « Il y a eu un fort engouement de la part des élèves qui n’avaient, jusqu’à présent, pas encore écrit pour être lu par d’autres. Cela les a motivés à écrire des textes et à les réviser ce qui d’habitude est un exercice difficile. Tous se sont impliqués aussi dans la phase de relecture. Et puis, ils ont su coopérer pour arriver à l’écriture finale de l’article » conclut Cristine Géobard. Un exercice gagnant-gagnant pour la professeure et les élèves.
Lilia Ben Hamouda