« Développer chez les élèves le vivre ensemble, la coopération, la solidarité, autres paradigmes traduisant la fraternité ». À l’école primaire Rivotte à Besaçon on en parle. La tragédie du 7 Janvier n’est pas un tabou. Évidemment, on ne peut pas parler d’un tel événement de la même manière avec des élèves de CP et des élèves de CM2. Mais surtout cette école depuis plusieurs années met en place des activités d’éducation à la fraternité. Interview de son directeur Franz Ehrhard.
Comment s’est passé l’après 7 janvier dans votre école ?
Tous les enseignants, toutes les enseignantes ont ouvert un temps d’échanges exceptionnel avec les élèves et entre les élèves, dans leur classe, dès le 8 janvier. Chaque enseignant-e s’est employé-e à mettre au même niveau d’informations tous les élèves en fonction de leur âge, en précisant ou en corrigeant les nombreuses prises de parole. Il a fallu aussi rassurer les plus inquiets et un premier décryptage de certains enjeux comme la liberté de la presse ou le respect des différences a eu lieu les jours suivants avec les plus grands, à partir de lectures d’articles de journaux comme Mon Quotidien et Mon Petit Quotidien (1) auxquels l’école est abonnée.
Depuis plusieurs années vous faites vivre la fraternité à vos élèves…
C’est un objectif permanent pour nous. Notre projet d’école engagé depuis 5 ans s’appelle « des outils communs pour apprendre, travailler et vivre ensemble ». Nous avons gardé le même intitulé pour son renouvellement cette année afin de continuer de développer chez les élèves le vivre ensemble, la coopération, la solidarité, autres paradigmes traduisant la fraternité.
Comment peut-on mettre en pratique la fraternité dans une école ?
C’est un travail de longue haleine qui s’appuie d’abord sur un partage de postulats théoriques et de valeurs éducatives au sein de l’équipe enseignante, sur un fonctionnement le plus collectif possible qui laisse des espaces et des temps pour traduire ce apprendre, travailler et vivre ensemble à l’école. Cela passe par la tenue régulière de dispositifs institutionnels comme le conseil de classe ou causette chez les plus petits au minimum hebdomadaire, le conseil des élèves consulté sur de nombreux aspects de la vie de l’école. Le parrainage entre CP et CM.2, la pratique régulière du tutorat ou encore le regroupement ponctuel d’élèves de plusieurs classes dans certaines activités (artistiques notamment) démultiplient les relations à l’autre, aux autres dans le cadre de projets d’apprentissages collectifs. Enfin, des temps conviviaux sont ouverts aux parents et sur le quartier tout au long de l’année pour donner aussi du sens au vivre ensemble : marché de Noël, Carnaval, Jouons ensemble (dans le cadre de la semaine sans écrans), Grande Lessive (2) , Chaîne de la Fraternité…
Les parents sont-ils impliqués dans l’épanouissement fraternel de leurs enfants ?
L’implication des parents est aussi primordiale dans l’adhésion au projet d’école. Notre école est une petite structure à six classes qui favorise cet épanouissement dans un quartier bien identifié.
Si vous aviez à informer (à former) des collègues enseignants sur la question de la fraternité que leur diriez-vous ?
Si on est d’accord dans l’école pour dire qu’on apprend surtout avec les autres et qu’il faut le faire dans un climat le plus paisible possible, de nombreuses situations d’apprentissage bien connues de la majorité des enseignant-es peuvent traduire cette valeur. Le travail en équipe enseignante, la place des élèves dans l’école et la confiance mutuelle entre parents et enseignant-es sont des conditions primordiales.
Vous avez commencé des activités sur le thème de la fraternité bien avant le traumatisme des attentats… Quelles étaient vos motivations à l’époque ?
Il faut défendre chaque jour le rôle de l’école à instruire et à éduquer les élèves à un projet commun et universel de paix et de progrès. Les récents évènements nous le rappellent cruellement…
En mars votre école va organiser une série d’activités sur le thème de la fraternité. Quelles en seront les grandes lignes ?
Activités d’expression avec des messages de fraternité sur des cartes spéciales en collaboration avec la Ligue de l’Enseignement, Grande Lessive avec dessins, affiches ou textes avec les deux écoles maternelles du secteur, collaboration avec une association humanitaire et d’autres actions encore en discussion seront au menu de cette semaine particulière du 16 au 20 Mars. À suivre sur le site de l’école…
Propos recueillis par Gilbert Longhi
Notes :
1 http://www.monquotidien.fr/