Cartes et Systèmes d’Information Géographique
Les dossiers de l’ingénierie éducative, oct 2003
» On ne fait vraiment parler une carte que sous la torture » rappelle Christophe Clavel dans l’un des articles de ce dossier . Les amateurs de torture géographique, la bonne, celle qui fait FAIRE de la géographie à l’élève, ont trouvé dans l’informatique deux outils pédagogiques : la cartographie informatique qui permet de faire réaliser des cartes thématiques par les élèves et beaucoup plus récemment les Systèmes d’Information Géographique (SIG) ; ce croisement de cartographie informatique et de système de base de données, né voici plus de trente ans est apparu récemment dans les programmes de Géographie du secondaire.
La première partie du dossier comprend des articles de fond et de réflexion ;elle définit les SIG , montre leur place croissante dans la vie professionnelle et la vie pratique, avant d’envisager leur rôle dans l’enseignement de la Géographie : le SIG » transforme le rapport à la carte » (S. Genevois) : avec une carte qui évolue en fonction de requêtes, il n’est plus possible pour l’élève de considérer la carte comme une image fidèle de la réalité, mais comme une construction (et éventuellement, la sienne) qui permet d’apprendre par l’ » exploration » (M. Vauzelle).
La deuxième partie du dossier, fournit les bonnes adresses et les références des produits disponibles tant en cartographie informatique qu’en SIG ; elle montre les applications menées dans le cadre d’expérimentation avec les élèves. S’il fallait comparer l’usage des SIG à l’école, à l’industrie automobile, on devrait parler de prototypes : des modèles qui existent,, qui ont été très sérieusement étudiés et qui ont vraiment roulé, mais donc la production de série viendra sans doute plus tard : tout cela coûte bien cher, surtout en temps de préparation pour l’enseignant ou en temps de mise en oeuvre en classe. L’enquête du Café pédagogique, que l’on peut trouver dans la première partie, montre la très faible utilisation des SIG par les enseignants, contrairement à la cartographie informatique, plus anciennement en place à l’école il est vrai.
Il est pourtant difficile de ne pas être attiré par ses études de risques (inondations de la Touch et du Gard) ou de conséquences d’aménagements (les autoroutes pour l’Académie de Dijon dont le site est une mine pour qui veut tenter l’expérience des SIG) ; on sent bien en effet qu’au delà de la géographie, c’est la formation du citoyen actif et conscient qui est en jeu. Comment ne pas être séduit par la perspective de faire relever des données sur le terrain par les élèves qui pourront ensuite les intégrer au système de requêtes et créer leurs cartes, en tirer leurs conclusions. Une démarche qui s’applique aussi à l’histoire des territoires (Le Creusot, Strasbourg et son remarquable Atlas historique produit par les élèves de T. Hatt). Mais on le voit : cela relève moins du cours que d’un travail personnel et s’inscrit bien dans des structures comme les IDD et les TPE qu’il faudrait par conséquent préserver.
Marc Lohez
Cartes et systèmes d’information géographique, Les Dossiers de l’ingenierie éducative, SCEREN CNDP, Octobre 2003.
http://www.cndp.fr/tice/DossiersIE/
Un guide pour le collège : Histoire-géographie et multimédia
« L’enfant d’aujourd’hui vit dans un environnement qui l’incite beaucoup plus qu’avant à se distraire du discours du maître. Les nouvelles technologies sont une réponse à la disposition des enseignants ». Cette phrase, tirée de l’introduction de l’ouvrage de Clément Martin et Laurent Resse, montre bien sa finalité : faciliter l’intégration des TICE aux collègues novices.
Pour cela l’ouvrage nous présente 11 séquences qui sont 11 coups de projecteur sur des utilisations différentes des nouvelles technologies. Ainsi les auteurs nous montrent comment utiliser en classe un site Internet, comment faire travailler les élèves sur des logiciels de cartographie, de géographie ou d’histoire et enfin comment rechercher sur Internet.
Les exemples proposés utilisent des logiciels « standards » : Wincarto, Cartes et croquis, le cédérom Hatier 6ème, le site Auschwitz par exemple. Pour chaque séquence, l’ouvrage nous propose un descriptif précis, accompagné de photos, des manipulations à effectuer et une fiche pédagogique photocopiable. Le cédérom contient les documents pédagogiques, les sites Internet utilisés dans l’ouvrage, des versions de démonstration ou des extraits fonctionnels des logiciels présentés. Les séquences participent de la pédagogie « active » et les élèves, avec ces outils modernes, sont invités à « faire » de la géographie ou de l’histoire plutôt qu’à les subir. Elles s’appuient bien évidemment sur les instructions officielles en vigueur.
L’ouvrage est donc immédiatement utilisable en classe. Les « bonnes pratiques » qui y sont décrites trouvent facilement place dans n’importe quel cours du collège et cela facilite l’introduction des TICE.
Mais c’est en même temps la limite du livre. Pourtant, les auteurs n’ignorent pas que les TICE peuvent également être mises au service de démarches pédagogiques plus ambitieuses. On pense bien sûr à la pédagogie de projet, introduite officiellement au collège sous la forme des itinéraires de découverte. Dans ces dispositifs les TICE peuvent être utilisées aussi bien pour se documenter que pour poser des questions, échanger, produire des contenus, apprendre à ordonner ses idées ou à travailler en équipe. Avec elles, ce sont les murs du collège qui s’ouvrent ou se repoussent et de nouveaux horizons pédagogiques qui apparaissent. Ainsi on peut mettre au service de l’école les utilisations quotidiennes des TIC par les collégiens qui, par exemple, se servent du net pour tchater, s’écrire, jouer, simuler, expérimenter etc. On anticipe ainsi sur les changements introduits par les TIC dans les attentes et les conceptions des élèves de la « génération numérique ».
Reste que l’ouvrage de C. Martin et L. Resse permettra à de nombreux enseignants, pas trop surs de leur démarche et méfiants envers les outils, de s’y familiariser et de les introduire sans grande fatigue dans leurs cours. Il a toute sa place dans un CDI de collège. On ne peut que le recommander.
François Jarraud
Claude Martin, Laurent Resse, Histoire-géographie et multimédia. Séquences pour les collèges, CRDP de l’académie de Grenoble, 2003, 160 pages et un cédérom.
Informations sur
http://www.crdp.ac-grenoble.fr/bulletin/12/nouv.htm