« Où en est la philosophie ? La première réponse peut se faire en forme de paradoxe : d’un côté surgit massivement une vive demande dans la société, de l’autre, on assiste à un essoufflement de l’enseignement philosophique traditionnel… Au lieu d’aborder la question de fond : « Comment enseigner à l’ensemble d’une classe d’âge, dans un lycée aujourd’hui massifié, une discipline jadis pensée pour des élèves socialement et scolairement sélectionnés ? », le débat professionnel se focalise depuis des années sur le contenu des programmes, en éludant une réflexion pédagogique et didactique pourtant urgente ». Et c’est bien sur à cette réflexion que veut mener ce numéro d’avril 2005 des Cahiers pédagogiques, coordonné par Michel Tozzi et Florence Carraud qui mêle réflexions sur l’enseignement de la philosophie dans le cadre actuel et éclairages sur les nouvelles pratiques et leurs enjeux.
Ainsi Bruno Jay met en scène la figure du prof de philo dans son habit de « panseur » (plutôt que penseur) : « quand l’élève entre dans la classe de philo, il n’envisage pas son prof comme un technicien des concepts, mais comme un fils de Socrate, en tant qu’il y a du « psy » chez Socrate ». Comment rendre ce transfert utile pour l’élève et la discipline ? Nicole Grataloup propose 6 principes clairs pour démocratiser l’enseignement de la philosophie, dont la moindre est justement de ne jamais se prendre pour Socrate. Avec Nicolas Go, Iufm de Nice, on est déjà à la frontière entre le cadre traditionnel et les nouvelles pratiques. Ancien instit Freinet devenu prof de philo il a adapté à son enseignement des outils de la pédagogie Freinet : « laissant de côté la question de la leçon de philosophie…, je souhaiterais relater la manière dont l’ai abordé le problème de l’écriture philosophique ». N. Go a créé des outils qui facilitent l’apprentissage de la dissertation, particulièrement en série STT.
La seconde partie de ce dossier présente de nombreuses expériences d’introduction de la philosophie au primaire, au collège ou dans la société. Jean-François Chazerans, Françoise Carraud, Sylvain Connac, Thierry Bour, par exemple, partagent leurs expériences. Peut-être préfigurent-elles, comme le donne à penser même la loi Fillon, un élargissement de la place de la philo dans le système éducatif.
Les Cahiers pédagogiques, numéro 432, avril 2005.
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