Stabilité. C’est ce que montrent les résultats du premier groupe d’épreuves du bac 2015 qui sont tombés le 7 juillet. Mais ceux-ci cachent un écart croissant entre le bac général et le bac professionnel.
Selon les premiers résultats publiés par le ministère de l’éducation nationale, le taux d’admis à l’issue du premier groupe d’épreuves est stable avec 78,8% de reçus. Le taux était de 78,9% en 2014. 7% des candidats sont ajournés, soit 46 500 redoublants à accueillir. 94 600 sont convoqués au second groupe.
Mais ce qui est frappant c’est l’évolution divergente entre les bacs. Cette année encore il y a de fortes différences entre bac général et professionnel. 82% des candidats sont admis au premier groupe d’épreuves du bac général et ce taux est en hausse de 1,3% par rapport àç 2014. Seulement 72,6% des candidats au bac professionnels sont reçus , soit 2,7% de moins qu’en 2014. Le premier bac représente 52% des candidats, le bac professionnel 28%. Entre les deux, le bac technologique compte 80,2% de reçus au premier groupe en léger recul (-0,6%) essentiellement par une chute en série hôtellerie.
Si les deux bacs général et professionnel sont très différenciés socialement, ils ne jouent pas non plus le même rôle dans le système éducatif. Le bac général compte un nombre à peu près stable de candidats depuis les années 1990. Il a une forte coloration sociale. Sur les 18 000 enfants de professeurs qui ont été admis au bac en 2013, 15 000 ont eu un bac général. Chez les cadres c’est le cas de 105 000 jeunes sur 135 000 bacheliers. Seulement 35 000 enfants d’ouvriers sur les 98 000 admis au bac ont eu un bac général. C’est le cas de 9 000 enfants d’inactifs sur 60 000.
Inversement le bac professionnel est caractérisé par l’origine modeste de ses bacheliers : 81% des enfants d’inactifs admis au bac sont des bacheliers professionnels. C’est le cas de 9% des enfants de cadres. Il est le vecteur de la massification du bac. Il y avait 67 000 bacheliers professionnels en 1995, 119 000 en 2010 et 190 000 en 2014. Il y a 186 000 candidats en 2015. C’est le bac qui progresse le plus rapidement mais c’est aussi celui où le taux d’échec est le plus fort. On comptait 73% d’admis au bac pro en 1995. Il n’y en a que 79% en 2014. Il y en aura encore moins en 2015.
L’éducation nationale a manqué une réelle démocratisation du bac en perpétuant des filières nettement séparées qui a été le vecteur d’une nette différenciation sociale. Les résultats de 2015 sont dans la suite de ceux de ces dernières années. Ils montrent les réticences qu’éprouve le système éducatif à normaliser le bac professionnel.
François Jarraud