L’Institut Montaigne entre bilan et avenir de l’Education nationale
Plus qu’un bilan des années Macron, « le grand décryptage » que vient de publier par l’Institut Montaigne annonce l’avenir de l’éducation nationale si l’équipe actuelle reste en place en 2022. On y lit la réforme de l’affectation des enseignants, le développement de leur évaluation, la fin du collège unique et une réforme profonde du lycée professionnel. Toutes idées qui perfusent du Grenelle de l’Education vers l’avenir…
Carte scolaire du 2d degré : Les heures supplémentaires remplacent-elle vraiment des postes ?
Officiellement, malgré 1800 suppressions de postes à la rentrée 2021, il n’y a pas d’inquiétude à avoir dans le 2d degré. Les heures supplémentaires vont « plus que compenser » les postes supprimés. Rien n’est moins sur. La réalité c’est qu’il y a 4 fois plus de postes supprimés qu’en 2019 et deux fois plus qu’en 2020. Et qu’il y aura des enseignants en moins dans 25 académies avec 43 500 élèves supplémentaires. Les syndicats s’inquiètent. Le Se Unsa parle de dégradation des conditions de travail.
Carte scolaire du 1er degré : Les tensions sur les postes demeurent
Le ministère a présenté le 16 décembre la carte scolaire 2021. Avec 2489 postes créés officiellement dans le premier degré et 56 000 élèves en moins, le premier degré devrait être à l’aise. Ce n’est pourtant pas certain si le gouvernement veut atteindre les objectifs de dédoublement et de taille des classes que le président de la République a fixé. En atteste la très faible amélioration des décharges de direction. Les syndicats jugent l’effort insuffisant et sont inquiets aussi pour les Rased et les remplacements.
Concours : Le recrutement toujours en baisse
Il y aura encore moins de postes mis aux concours en 2021. Selon les arrêtés publiés au Journal officiel le 29 novembre, seuls les agrégés maintiennent leur nombre de places aux concours de recrutement des enseignants. Dans le premier degré il y aura en 2021 un millier de postes offerts en moins. Chez les certifiés on compte une cinquantaine de postes en moins par rapport à 2020. Chez les PLP la chute entamée en 2020 continue avec 1325 postes (1435 en 2019). Ce nouveau grignotage interroge par rapport aux annonces et à la réalité de l’Ecole. Quelle priorité au primaire avec moins de recrutements ? Comment seront remplis les 2000 postes supplémentaires annoncés ? Dans le second degré, comment faire face à la hausse des effectifs avec des recrutements en baisse ?
Le ministère publie une Charte des pratiques de pilotage des EPLE
« Dans le contexte des réflexions et des travaux menés dans le cadre du Grenelle de l’éducation et de l’agenda social avec le ministère, les représentants des personnels de direction ont exprimé le besoin de préciser à la fois le périmètre des missions de l’EPLE et son cadre d’exercice, dans un schéma de gouvernance académique renouvelé. De ce point de vue, il s’agit de rappeler en quel sens les services académiques peuvent aider au pilotage des EPLE, dans une logique de confiance, de proximité, d’écoute et d’appui. Cet accompagnement doit également permettre d’améliorer les conditions de travail des personnels de direction et, par là-même, leur qualité de vie au travail. En ce sens, l’objet de cette charte – qui actualise la précédente datée de 2007 – est d’expliciter les missions de l’EPLE, ses modalités de pilotage et de fonctionnement en lien étroit avec les autorités académiques et l’ensemble des partenaires institutionnels constitutifs de son environnement ». Publiée au Bo du 26 août, la charte répond à des critiques des personnels de direction. Elle est signée de leurs 3 syndicats. La charte rappelle l’autonomie des EPLE. Elle promet une amélioration de l’environnement numérique de travail des directions et la régulation des flux d’enquêtes.
Des prévisions d’effectifs élèves à contre-courant des décisions ministérielles
Selon deux études de la Depp, le service des études du ministère de l’éducation nationale, les effectifs d’élèves vont continuer à diminuer dans le premier degré et à augmenter dans le second. Des prévisions qui ne sont pas une surprise. Mais qui soulignent l’irrationalité des choix du ministère d’augmenter les postes dans le premier degré et de les diminuer dans le second. A noter que le ministère attend peu d’effet de la scolarisation obligatoire à 3 ans sur le nombre d’élèves.
Ecole inclusive : Un pas de plus dans une longue, longue marche…
Avec la parution du décret du 23 août 2021 sur la rémunération des AESH et de l’arrêté qui l’accompagne, l’État fait un pas de plus dans la très longue marche vers la reconnaissance statutaire des professionnels chargés d’apporter une aide humaine aux élèves en situation de handicap. Selon le point de vue de chacun, cet épisode peut apparaître anecdotique, voire sans intérêt réel, ou au contraire historique et fondamental. Il illustre en tout cas la tension qui caractérise la scolarisation des élèves en situation de handicap dans le système éducatif français, question qui tend à se cristalliser sur la place des AVS devenus depuis 2014 les AESH. Une mise en perspective peut permettre de décrypter les enjeux de cette question au-delà des postures antagonistes et des lieux communs.
Les inégalités femmes – hommes persistent à l’éducation nationale
Salaire, carrière, accès aux corps les plus prestigieux : dans le ministère le plus féminisé, la place laissée aux femmes n’est jamais la première. Alors que l’Education nationale porte les valeurs de la République, l’égalité entre les femmes et les hommes reste à conquérir, comme le montrent les données du Bilan social du ministère.
Maths : Les élèves français décrochent
Les résultats de l’étude Cèdre sur les maths portant sur les écoliers de Cm2 et les collégiens de 3ème sont sans appel. A l’école comme au collège le niveau en maths baisse. La baisse est un peu plus rapide à l’école. Mais à l’école comme au collège, la moitié des élèves a maintenant un niveau faible. Ces résultats ne sont pas non plus une surprise. L’enquête internationale Timms de 2015 avait mis en évidence le très faible niveau en maths des écoliers français.
Pisa : Des pistes pour améliorer l’Ecole française
Dans un nouveau volume de Pisa 2018, l’OCDE définit ce que sont pour elle les bonnes politiques éducatives à mener pour rendre les systèmes éducatifs plus performants et aussi plus justes. Parmi les enseignements des points concernent directement la France. Les redoublements, la sélection précoce, une forte part d’enseignement privé, un enseignement professionnel destiné aux défavorisés, les classes de niveau : voilà autant de points sur lesquels on pourrait progresser. Pas les salaires des professeurs, selon l’OCDE…
La sécurité des établissements scolaires menacée
Etudié à partir du 28 septembre, le projet de loi « d’accélération et de simplification de l’action publique », va trancher le sort de l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement. L’Observatoire semble payer le prix de sa vigilance et de son indépendance. Le gouvernement veut sa suppression. Des voix se font entendre dans l’opposition mais aussi dans la majorité pour son maintien. Alors que la question de la sécurité des établissements est au premier plan est-il raisonnable de se priver de ce lanceur d’alerte ?
L’instruction en famille soumise à autorisation
Le Conseil constitutionnel a validé l’interdiction de l’instruction en famille le 13 août. Pour le Conseil constitutionnel, « l’article 4 de la loi du 28 mars 1882 n’a fait de l’instruction en famille qu’une modalité de mise en œuvre de l’instruction obligatoire. Il n’a ainsi pas fait de l’instruction en famille une composante du principe fondamental reconnu par les lois de la République de la liberté de l’enseignement. Dès lors, le grief tiré de la méconnaissance de la liberté d’enseignement ne peut qu’être écarté ». La loi prévoit l’instruction obligatoire à partir de 3 ans est donnée dans des écoles publiques ou privées et, par dérogation, en famille par les parents ou par toute personne de leur choix sur autorisation délivrée par l’autorité de l’État compétente en matière d’éducation. Cette autorisation est accordée soit en raison de l’état de santé de l’enfant ou de son handicap, soit en raison de la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, soit en raison de l’itinérance de la famille en France ou de l’éloignement géographique de tout établissement scolaire public. Elles prévoient également que cette autorisation est accordée en raison de l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif après vérification des capacités de la famille à instruire l’enfant. Une dérogation à la loi est prévue pour deux ans pour les enfants pratiquent déjà l’instruction en famille.
EPLEI : Une remise en question de l’Ecole de la République ?
Si leur nombre très limité n’attire pas encore l’attention, les EPLEI, selon un récent rapport de l’Inspection générale, ont vocation à se développer. Imaginés en 2007, créés par la loi Blanquer, ces établissements internationaux portent la signature de JM Blanquer. Ils cultivent l’excellence de l’entre soi et imposent de nouvelles règles incompatibles avec le statut des enseignants et les règles comptables de l’Education nationale.
Censure : JM Blanquer bat son record
Nouveau record pour l’Education nationale ! Le rapport d’activité de l’Inspection générale de l’Education nationale fait l’éloge de la réforme de fond réalisée par JM Blanquer et la cheffe de service de l’Inspection, Caroline Pascal. Il a surtout pour avantage de publier la liste des rapports de « l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche ». Malgré cette extension d’activité, encore moins de rapports ont été rendus publics en 2019.Cette année là seulement 7 rapports ont été publiés sur 82 produits soit 8%. Les autres ne sont jamais sortis du cabinet de JM Blanquer. Celui-ci bat son record de 2017.
Un rapport critique sur les évaluations nationales dans le second degré
« Si les enseignants de collège espèrent que ces évaluations leur seront utiles, ceux de lycée semblent dans leur grande majorité convaincus, dès les passations, de l’inutilité du dispositif ». Le rapport de l’Inspection générale sur les évaluations nationales du second degré montre leur inutilité. Celle-ci provient à la fois d’erreurs de conception et d’un décalage total avec les pratiques enseignantes. Le rapport propose d’abandonner les tests de 2de au profit d’une réforme du brevet.
Enfants privés d’école : « Il y aura des recours contre les maires »
Anina Ciuciu est la marraine du collectif #EcolePourTous qui alerte sur la situation des enfants privés d’école, issus de la grande précarité – vivant dans des bidonvilles, des squats, des hôtels sociaux, membres de la communauté des gens du voyage, mineurs étrangers isolés… Le collectif, qui estime leur nombre à quelque 100 000, a relancé une pétition pour faire avancer leur cause. Il soutient les recours en justice déposés hier par des parents vivant en bidonville à Stains (Seine-Saint-Denis) contre le refus de la mairie d’inscrire leur enfant à l’école. Il s’agit de la première action en justice depuis la publication du décret simplifiant les conditions d’inscription. Anina Ciuciu, avocate, qui a elle-même grandi dans un bidonville, dresse un premier bilan de cette rentrée dans un contexte de crise sanitaire qui a encore aggravé les inégalités.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/leleve/Pages/2020/192_10.aspx
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