Par Monique Royer
Sur le perron de l’Elysée, de nouveaux visages souriront, heureux de faire partie du voyage, avec la solennité qui sied à la fonction. Un parmi eux aura en charge l’école mais plusieurs traiteront de l’éducation. Hommage sera rendu à Jules Ferry, père de l’école laïque et républicaine et l’on souhaiterait que Condorcet ne soit pas oublié. Si l’enseignement primaire et secondaire sont perclus de soucis, la formation continue est assaillie de questions.
Dans la course à la qualification, dans la nécessité de l’insertion, elle se pose là où l’école s’est arrêtée. Et d’accord interprofessionnel en loi, elle trouve difficilement une place, entre logique implacable des appels d’offres et rôle d’accompagnement des évolutions sociales et techniques. La formation continue résume à elle seule les contradictions d’une époque marquée de l’empreinte du marché dont les dommages collatéraux sont pansés tant bien que mal. Le paysage des organismes de formation ressemble à un patchwork composé de structures minuscules et grandes, privées, publiques, associatives. Toutes répondent à des appels d’offres qui assureront peu ou prou leur pérennité. La nécessité d’un service public de la formation a été maintes fois soulignée mais se heurte à l’impérieuse mise en concurrence qui rend aléatoire toute vision à long voire moyen terme. Et la question est là : comment favoriser une insertion, une qualification, une professionnalisation pour tous, un accès à la formation pour chacun ?
La réponse peut être trouvée dans un cadre structurant, assurant une continuité dans l’éducation, quelque soit l’âge, mais pas seulement. Le système éducatif respire et vit, se développe au-delà des frontières tracées par le feutre institutionnel. On apprend ailleurs avec un ailleurs qui prend de l’importance dans l’ouverture au monde que le numérique offre. Apprendre à tout âge, apprendre différemment, apprendre à sa portée, apprendre. Et ce système ouvert reste à explorer, à définir, à investir y compris ou peut être surtout du côté de l’institution.
Alors oui, on espère que le salut à Ferry sera comme un au revoir. L’école d’hier n’est plus et si des cours se tapissent encore à l’automne des feuilles épaisses des marronniers, les murs clos sont percés de fenêtres sur le monde. Sur le perron de l’Elysée, souhaitons que les cloisons volent aussi pour donner au système éducatif, sa pleine dimension celle d’un univers sans frontières.
Monique Royer