Encensée le 7 septembre par la ministre, l’Inspection générale n’est pourtant pas à la fête. Et nul doute qu’avec le cabinet les frottements existent. C’est qu’en année électorale plus encore qu’en année ordinaire, elle doit face à une censure vigilante de ses travaux…
L’Inspection, un réel plaisir…
» Les ministres s’en vont. Les inspections générales demeurent… Savoir que les inspections générales demeurent me donne, pour la suite des événements, quelle qu’elle soit, une immense confiance ». Le 7 septembre, à l’occasion d’une cérémonie de rentrée de l’Inspection générale, la ministre a défendu sa politique. Mais elle a aussi rendu un hommage vibrant aux deux inspections.
« C’est un réel plaisir », a dit N Vallaud-Belkacem, « pour la ministre que je suis, de pouvoir compter sur vous, sur des femmes et des hommes dévoués, engagés, d’un professionnalisme exemplaire, et qui, dans ces temps où elle est si souvent mise à mal, ne cessent de défendre l’exigence d’une pensée nuancée et profonde, dont j’ai pu, au cours des deux dernières années, apprécier la valeur. » Elle a indiqué des rapports qui avaient pesé sur sa politique.
Deux rapports sur trois non publiés en 2015
Pourtant la simple comparaison entre les rapports annoncés et ceux qui ont fini par être publiés, montre que l’Inspection n’est pas à la fête. Ainsi dans le rapport d’activité 2015 de l’Inspection, tout juste publié, on remarque que sur 85 rapports officiellement réalisés par l’Inspection, seulement 25 ont fini par être publiés. En clair, une soixantaine sont bloqués par le cabinet.
Dans certains cas c’est justifié comme ce rapport sur un établissement particulier ou un personnel de direction. Mais quid des rapports sur la paye et la gestion à Mayotte ou en Polynésie ? Ou encore sur l’affectation des enseignants, un sujet particulièrement intéressant. Ou encore sur les établissements Rep+ou la prévention de la radicalisation ?
Le précédent Chatel
Si l’on observe le programme de travail 2015-2016 de l’Inspection, il reste quelques mois pour publier les travaux sur la formation des enseignants, le pilotage de l’éducation prioritaire, l’enseignement des langues vivantes au primaire, le suivi des stagiaires, le continuum pédagogique au cycle 3, la mise en place des nouvelles obligations de service des enseignants, l’évolution de la carte comptable ou l’innovation dans le système éducatif. On attend toujours le rapport sur l’évaluation des personnels de direction, l’efficacité de la réforme des rythmes ou le bilan des EAP. Sans parler du bilan de la réforme des lycées et des lycées professionnels, de la concertation dans les établissements, du bilan de la réforme de la voie technologique.
Traditionnellement, les rapports les plus gênants sortaient au mois d’août, au moment où les journalistes sont en vacances. Mais cette année, nada ! Sécheresse absolue rue de Grenelle.
A la fin du ministère Chatel, on avait assisté ainsi à la retenue des rapports de l’Inspection qui pouvaient gêner la politique ministérielle. Ils ont fini par sortir… dès l’alternance. Alors puisque de toutes façons on les lira et que cette pensée est si précieuse à la ministre, partagez…
François Jarraud