C’est la période la plus complexe à enseigner tant il y a à la fois de nombreux événements et une crise globale à expliquer aux élèves. Aurélia Glowacki-Labrette, professeure d’histoire-géographie au collège Rep P Vaillant-Couturier de Champigny-sur-Marne, a choisi de traiter le début de la Révolution à travers un escape game en 4ème. Un pari réussi grâce à une conception plutôt futée du jeu. Elle explique comment elle fait passer toute la complexité de cette période.
Le début de la Révolution est une période complexe à enseigner. Comment en êtes vous arrivée à concevoir ce jeu ?
A vrai dire j’ai réalisé ce jeu pendant le premier confinement. J’ai reculé le plus possible le moment de traiter ce chapitre car je voulais le faire en présentiel. Mais j’ai du travailler avec les élèves en distanciel. Avec un groupe de collègues on s’est motivés à créer des escape games et j’ai décidé de créer celui là. Sans le confinement je ne l’aurais pas fait ! Mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Passer par un jeu permet de faire mieux accepter la complexité car on ludifie le chapitre. Par exemple, mes élèves sot souvent de petits lecteurs. Par le biais du jeu je peux leur faire lire des textes complexes et longs. Je peux leur faire prendre des notes. Toutes choses plus difficiles dans un cours ordinaire.
Comment la complexité de la crise de la fin de l’Ancien Régime est traitée dans le jeu ?
La trame narrative du jeu c’est que le joueur doit retrouver le cahier de doléances du baillage. Pour cela les élèves vont dans différents lieux. Ils vont au siège du baillage où ils découvrent ce qu’est une société d’ordres et ce que sont les cahiers de doléances. Puis ils rencontrent un député laboureur et cela permet de découvrir la crise sociale. Ils échangent avec deux députés bourgeois et là c’est le mécontentement de la bourgeoisie qui est évoque. La crise financière et les réticences des privilégiés sont traitées à travers la rencontre avec deux députés de la noblesse et du clergé. Au bout de ces rencontres ils n’ont pas retrouvé le cahier et ils doivent donc écrire leur propre cahier de doléances qui synthétise tout ce qu’ils ont vu.
Les élèves font quoi dans le jeu ?
Dans chaque pièce il y a des indices et des énigmes réalisées avec Learning App. Elles permettent de vérifier qu’ils ont bien compris. Ils répondent à des questions, font des mots croisé, une frise chronologique etc.
Comment passez vous du jeu à la trace écrite ?
Pendant le jeu ils ont une feuille pour prendre des notes. En fin de partie on fait une restitution en commun en remplissant un organigramme.
Quels avantages voyez vous à ce jeu ?
On contourne les difficultés en motivant les élèves.
Et les limites ?
La forme informatique est refusée par certains élèves. Et c’est chronophage : il faut deux heures pour faire le jeu. Mais c’est un jeu créé pendant le confinement.
Qu’avez vous appris avec ce jeu ?
Ca me confirme dans mon idée positive de la ludification à condition de ne pas l’utiliser tout le temps. J’observe que les élèves travaillent vraiment en classe. Or c’est important en Rep car ce sont des élèves qui travaillent peu à la maison. Donc si on fait en classe des choses qui les marque c’est vraiment bien.
Propos recueillis par François Jarraud