Les vacances d’été vont-elles être amputées ? Alors qu’il a été incapable de préparer le système éducatif à la fermeture des écoles et a du se dédire régulièrement, alors que le suivi des élèves ne repose que sur la bonne volonté et l’investissement personnel des enseignants, JM Blanquer multiplie les propos provocateurs envers les enseignants. Propos qui commencent à se transformer en circulaires sur le terrain.
Les vacances d’été diminuées ?
« Le scénario privilégié est celui du maintien des dates du brevet et du bac. S’il fallait faire évoluer cela, on le ferait, mais là c’est beaucoup trop tôt pour le dire », a déclaré JM Blanquer sur France Info le 18 mars. Interrogé sur la possibilité de rallonger l’année scolaire en diminuant les vacances d’été , le ministre répond que « rien n’est impossible …Tout est sur la table ». Pour le ministre tout semble suspendu aux progrès des élèves. Et on sait que le gouvernement prépare une loi d’urgence qui lui donnera des pouvoirs exceptionnels pour prendre par ordonnance les décisions de son choix en rapport avec l’épidémie , y compris sur « l’utilisation des congés payés ».
Ces propos ont immédiatement entrainé des réactions d’enseignants qui se donnent beaucoup de mal pour suivre leurs élèves à distance sans avoir reçu aucune formation et sans pouvoir compter sur les plateformes numériques officiels qui tombent en panne. « Soit il assure dès aujourd’hui que les vacances d’été ne seront pas repoussées et profs et élèves continuent de travailler comme ils le font depuis deux jours », explique un enseignant. « Soit il annonce qu’elles sont repoussées et on arrête illico ».
Les enseignants chargés de suivre les élèves avec leur téléphone ?
Le même jour, le ministre diffuse vers les directeurs et les personnels de direction une vidéo qui les associe complètement comme si les uns et les autres avaient un statut d’autorité sur les enseignants. « Le pilotage de la réussite des élèves et de votre responsabilité », dit le ministre, ce qui est évidemment faux pour les directeurs d’école. Il les invite à mettre en place un système d’appel des élèves assumé par les enseignants à raison d’un appel par semaine minimum.
Ces propos sont devenus instructions dans la région Pays de la Loire, où le recteur, William Marois, envoie le 18 mars un courrier aux directeurs d’école et aux personnels de direction, pour les enjoindre de piloter la continuité pédagogique.
« Chaque famille doit être contactée par téléphone une à deux fois par semaine par le professeur pour le 1er degré, par le professeur principal pour le 2d degré pour faire un point sur le travail de l’élève, échanger avec la famille », écrit-il.
Pour les élèves éloignés du nuémrique, le recteur invite à « utiliser un commerce de proximité comme point relais où les familles pourraient retirer et rendre documents, devoirs et livres ».
Populisme
Ce courrier a entrainé une réaction de la FSU de Loire Atlantique qui rappelle que les enseignants font le suivi avec leurs outils personnels et qu’ils n’ont pas de téléphone de service. La FSU souligne aussi que le recteur « demande aux agent·es de l’État de contrevenir à la loi en se comportant ainsi, puisqu’il s’agit de contourner les dispositions réglementaires » sur le confinement, le retrait de .document pédagogique n’étant pas un motif valable de sortie.
Alors que sa gestion de la crise l’a mis fortement en difficulté, puisqu’il a multiplié les consignes dangereuses jusqu’au dernier moment en contradiction avec les décisions gouvernementales, JM Blanquer semble jouer la carte des parents contre les professeurs. Qui peut croire que le niveau des élèves va se maintenir dans les semaines à venir alors que le ministère n’a rien préparé pour former élèves et enseignants à l’enseignement à distance ? Dès maintenant le ministre donne à entendre que si le niveau ne progresse pas ce sera la faute des enseignants. Et pour en persuader l’opinion il lance ces provocations qui ne peuvent que démobiliser enseignants et élèves. Et préparer une survie politique au-delà de la catstrophe.
François Jarraud