Peut-on encore rester dans l’indifférence devant l’effondrement par le bas de l’école française ? Alors que les médias se focalisent sur les classes préparatoires c’est la question des soutiers de l’éducation nationale que Pisa 2012 met sur la table. Quels défis doit-elle relever en urgence ? A quelles conditions des changements sont possibles ?
Vincent Peillon annonce que Pisa vient « confirmer ce que nous disons » et relancer sa refondation. Sur ce point le ministre fait le même usage de Pisa que ses prédécesseurs : prélever dans Pisa ce qui peut conforter ses propres plans plutôt que tenter de trouver une réponse aux problèmes mis en évidence par Pisa.
A vrai dire, pour la France, le diagnostic a été fait bien avant Pisa 2012. On sait que notre système éducatif fonctionne très bien pour le meilleur tiers des élèves. Et qu’il éjecte sans réelle qualification près d’un quart des élèves, entre 150 000 et 200 000 chaque année. Un système qui est à la fois très injuste socialement et qui pratique « l’apartheid scolaire ». Conjugué avec l’importance du budget de l’éducation nationale, une soixantaine de milliards, on a un cocktail détonant qui pourrait faire bouger l’opinion publique. Ainsi après la publication des résultats de Pisa 2000, l’Allemagne a entrepris une réforme radicale de l’école qui lui a permis une remontée très rapide. Le Portugal, la Pologne, pour prendre des pays proches du notre, ont aussi su réagir rapidement et en percevoir les bénéfices. Verra-t-on un pisa choc français en 2013 ? Il y a peu de chances car le mal est déjà bien connu et semble laisser l’opinion indifférente.
La réforme de l’éducation prioritaire est directement interpellée par les résultats de pisa 2012. Pour améliorer l’enseignement dans ces établissements difficiles il faut restaurer al discipline et fidéliser les enseignants. Les remèdes sont connus. Il est urgent de diminuer sensiblement le nombre d’élèves par classe. Piketty et Valdenaire ont calculé en leur temps que cela aurait un impact immédiat. Cela implique de fidéliser les enseignants voire d’attirer des enseignants nouveaux. On imagine bien que cela puisse passer par un nette revalorisation salariale. Mais il semble que le programme de l’éducation prioritaire parte vers d’autres directions…
L’autre grande question c’est celle des équipes pédagogiques. On sait bien qu’il faut mettre de la cohérence entre els enseignements et diminuer le nombre d’enseignants par classe au collège. La notion d’équipe st sans cesse brandie mais personne n’a l’idée de lui donner un début d’existence réelle : un horaire, une salle pour commencer… Pourtant donner une vraie existence à l’équipe c’est peut etre solutionner la question formation continue. C’est à ce niveau que l’enseignement peut s’améliorer bien davantage que dans la détection des « bons profs ». Quoiqu’on puise lire ici et là, si une meilleure formation des enseignants est évidemment une bonne chose, « l’effet maitre » reste à démontrer. Il est bine difficile de distinguer dans le cursus d’un élève l apart des acquis de chaque prof et encore plus difficile de l’évaluer.
de la même façon, l’OCDE et le ministère semblent obnubilés par les questions de gouvernance locale. Evidemment elle doit être améliorée. Mais tout autant que la gouvernance globale d’un système qui sait si bien se paralyser entre Etat et collectivités locales.
Pour faire bouger sur ces questions il est clair qu’il faut un appui de l’opinion et une volonté politique tenace. Or l’expérience montre que l’opinion est prompt à se mobiliser pour les établissements des élites. Pour les établissements des quartiers populaires entre la réforme et la fuite, elle préfère celle-ci. Mais où en sera -t-on lors de Pisa 2015 ?
François Jarraud