« Ce qui m’a surpris, c’est à quel point ces moments de lâcher-prise sont intéressants ». Dimitri Saputa, professeur d’histoire-géographie, invite à découvrir l’Union Européenne, ses objectifs, son histoire, à travers une partie de Monopoly. Une démarche pédagogique qui invite aussi à découvrir les élèves autrement…
Mettre les élèves en activité
Peut-on apprendre la construction européenne avec un jeu ? C’est le pari, mis en ligne, de Dimitri Saputa. Professeur d’histoire-géographie aujourd’hui en lycée, il a longtemps enseigné dans un collège Rep du Nord-Pas-de-Calais. « Je me suis rendu compte de la difficulté de mobiliser tous les élèves », nous dit-il. « J’ai cherché à les mettre en activité ». Et pour cela le jeu lui a semblé une bonne piste. Partant d’un modèle de Monopoly sous Genially, Dimitri Saputa l’a adapté à la construction européenne. La partie de Monopoly est devenue un quiz, avec des questions sur les différents aspects de la construction européenne (étapes, mais aussi défis et enjeux). « Les élèves ne se contentent pas de jouer. Il y a un apprentissage avec les questions pour favoriser la mémorisation ».
Redistribuer les cartes
Le jeu s’insère dans une pédagogie inversée. « Les élèves regardent une vidéo à la maison sur la construction et le fonctionnement de l’Union européenne. Ils répondent à des questions. En classe, les élèves jouent avec le Monopoly. Je reprends avec eux le plateau du jeu pour revenir sur la construction européenne et son fonctionnement ». « Le jeu ne suffit jamais », ajoute-t-il. « Il faut un temps de débriefing où on sort du jeu et on dégage les apprentissages ». Là le jeu n’est plus qu’une source parmi d’autres.
Travailler les compétences sociales
Ce que les élèves apprennent ? « Finalement, ce qui est important, c’est qu’en jouant, ils n’ont pas appris tous la même chose. Ils ne répondent pas aux mêmes questions. Du coup, on va s’appuyer sur ces différents apprentissages. Un seul élève n’aura pas tout le savoir. » Autre apprentissage réalisé avec le jeu : celui de l’entraide.
« Ce qui m’a surpris, c’est à quel point ces moments de lâcher-prise sont intéressants », ajoute Dimitri Saputa. « Ce sont des moments où il n’y a pas de gestion de classe à faire. On peut observer les élèves au travail. On repère ce qui les surprend et cela fait découvrir leurs représentations. Et le jeu fait travailler leurs compétences sociales. En Rep souvent les élèves ont du mal avec les règles. Là, ils suivent celles du jeu. Ils se mettent d’accord entre eux pour les rôles, par exemple la banque. Ils sont tous en apprentissage, sans s’en rendre compte, aussi bien pour les compétences disciplinaires que sociales ».
Propos recueillis par François Jarraud