Moins de manifestants et de grévistes. Mais toujours les mêmes questions. Moins de la moitié des professeurs de lycée professionnel ont participé à cette seconde journée de grève contre la réforme du lycée professionnel initiée par E Macron. La participation reste cependant importante. L’inquiétude est toujours là, entretenue par le silence de la ministre sur les points saillants de la réforme.
Moins de grévistes
Selon le ministère, seulement 9% des professeurs de lycée professionnel ont fait grève le 17 novembre, soit moitié moins que le 18 octobre. Pour le Snuep fsu, ils étaient 41%, contre 63% le 18 octobre. Cette seconde journée reste importante alors que l’intersyndicale reste très large (Cgt, Snetaa FO, Snuep Fsu, Se Unsa, Sud, Cnt).
« Aujourd’hui, avec 41% de grévistes, c’est une seconde étape réussie », nous a dit S Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu. » Elle ancre la mobilisation dans la durée. C’est la preuve que les professeurs de lycée professionnel (PLP) ne sont pas dupes des concertations lancées par la ministre ».
Défendre l’avenir des lycéens
Le syndicat se plaint des silences de C Grandjean. « Elle ne répond pas aux questions alors que les expérimentations commencent en janvier. » La principale question, c’est toujours comment à la fois doubler le temps des stages tout en maintenant les horaires d’enseignement. « On organise les stages des élèves en ce moment. Les entreprises de proximité nous disent qu’ils ne veulent pas augmenter la durée des stages », remarque S Gérardin. Pour le Snuep, » une page de la grande Histoire des lycées professionnels s’écrit en ce moment. Deux choix possibles : collaborer ou résister. Le SNUEP-FSU avec la FSU est et restera du bon côté de l’Histoire pour empêcher ce sabordage organisé des lycées professionnels ».
Nathalie est professeure de gestion à Meaux. « Il est important de défendre l’avenir de nos élèves » nous dit-elle. « L’alternance va être très difficile pour certains de nos élèves, car ils ne sont pas prêts pour travailler en entreprise dans leur manière d’être. Et cela fera perdre du temps d’enseignement et nuira à leur niveau. On va en faire une main d’œuvre préparée pour une entreprise, sans mobilité ».
Valérie enseigne les lettres histoire au lycée Guimard de Paris. Elle aussi s’inquiète du doublement des stages. « On diminue encore le temps de travail à l’école tout en survalorisant celui en entreprise. La formation citoyenne des élèves va en pâtir ». Elle craint que les enseignements professionnels souffrent de la réforme.
Député LFI et ancien enseignant, Sébastien Rome est dans le cortège. « Je viens soutenir un mouvement qui traite d’un point qui ne sera pas porté devant l’Assemblée à cause du 49.3 », rappelle-t-il. « Je viens en soutien à mes collègues qui luttent pour que le lycée professionnel ne soit pas une machine à produire des salariés immédiatement employables ». Pour S Rome, « la réforme a pour seul objectif de faire des économies. C’est une liquidation de notre modèle de formation ».
Quelles suites ?
Quel sera l’effet de cette seconde journée ? Des tensions existent dans l’intersyndicale où les principaux syndicats refusent de participer aux groupes de travail alors que d’autres y sont. La baisse du taux de grévistes pourrait pousser certains syndicats à quitter l’intersyndicale. Mais trois syndicats représentent les 3 quarts des professeurs du professionnel et sont fortement ancrés dans l’opposition à la réforme. Beaucoup va dépendre du ministère. Depuis le 18 octobre, les déclarations fracassantes ont fait place aux propos apaisants reportant la réforme à plus tard. Elle semblait s’être enlisée. Comment va réagir C Grandjean à cette seconde journée ? Il devient urgent de communiquer sur les temps d’enseignement.
François Jarraud