« Oppositions, désobéissance et colères répétées, agressivité chez l’enfant, coups, blessures dégradations, fraudes et vols chez l’adolescent : ces différents comportements caractérisent le « trouble des conduites ». D’autres symptômes établissent le diagnostic : » les agressions physiques, les mensonges ou les vols d’objets », ou encore « l’absentéisme, les incivilités à l’école et les situations d’échec scolaire ». « L’absence de timidité » est aussi un signe d’alerte, tout comme « la recherche de nouveauté ». Le rapport publié par l’Inserm en septembre 2005 a inventé une nouvelle maladie : « le trouble des conduites ».
Selon lui, 5 à 9% des garçons de 15 ans en seraient atteints et 2 à 5% des filles. Mais la maladie est, selon les experts de l’Inserm, familiale : » Les facteurs empiriquement associés au trouble des conduites sont : antécédents familiaux de trouble des conduites, criminalité au sein de la famille, mère très jeune, consommation de substances psychoactives pendant la grossesse, faible poids de naissance, complications autour de la naissance… »
Aussi, recommandent-ils « un repérage des familles présentant ces facteurs de risque » et un dépistage systématique, dès 36 mois, des enfants en utilisant les bilans de santé et les examens systématiques. C’est donc sur le système de santé et sur l’école qu’ils souhaitent s’appuyer pour opérer cette campagne de dépistage qui ficherait comme « dangereux » un adolescent sur dix et sa famille. Les experts recommandent « d’informer les enseignants sur les différentes expressions comportementales du trouble des conduites et de les sensibiliser à une collaboration avec les professionnels de santé pour une intervention plus précoce auprès des enfants et adolescents « . Ils souhaitent « généraliser les interventions au sein des structures éducatives existantes (PMI, crèches, écoles…) en formant le personnel éducatif à ces méthodes de prévention (puéricultrices, éducateurs, enseignants…) ».
Le rapport analyse des faits sociaux comme des symptômes maladifs et n’hésite pas à envisager le fichage et le « suivi » d’un dixième de la population. On retrouve là l’influence d’une école nord-américaine, hostile à la psychologie, qui vise le dépistage des déviants et du gène de la déviance. Une perspective qui fait vraiment froid dans le dos.
On comprend qu’il suscite des réactions : condamnations des syndicats, pétition de pédopsychiatres, dont Boris Cyrulnik. Dimanche 6 mars à 18h, sur France 5, l’émission de Serge Moati « Ripostes » abordera la question du dépistage précoce des troubles de comportement des enfants. Parmi les intervenants : Philippe Meirieu.
Le site de l’émission
Rappel : L’Expresso du 1er mars
La pétition