Vincent Peillon réussira-t-il à renouveler l’école publique ? On verra. C’est du coté de l’école catholique que son influence rayonne. La morale laïque, le drapeau tricolore, la devise républicaine, la politique sociale sont maintenant revendiqués par l’école catholique frappée de Peillonnite. Même Jaurès, pourtant l’auteur du discours de Castres (1904) sur l’éducation laïque, est appelé au paradis de l’école catholique par le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, Pascal Balmand. Sous sa direction, l’école libre affiche des convictions pédagogiques, républicaines et même sociales. Mais reste fidèle à son héritage.
Bonne santé
« L’enseignement catholique est en bonne santé », affirme d’emblée Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, le 1er octobre. Avec 2 041 000 élèves il accueille 4 000 jeunes de plus qu’en 2012. Les effectifs augmentent de 0,8% au secondaire particulièrement à Bordeaux, Dijon, Versailles, Créteil, Grenoble, Montpellier, Nantes et en Guyane. Le primaire s’effrite , perdant 0,6% de ses élèves. Amiens, Clermont-Ferrand, Nantes, Caen sont les académies les plus touchées. P. Balmand parle de déprise démographique. Cette situation n’est pas nouvelle et ces évolutions prolongent les années antérieures.
La pédagogie d’abord
Ce qui est totalement nouveau c’est le discours tenu par le nouveau secrétaire général. P Balmand va broder sur le thème pédagogique comme Vincent Peillon le fait dans ses discours. « Tout ce qu’on fait converge vers le service éducatif. C’est la clé éducative qui ouvre la porte de tous nos chantiers », affirme -t-il, parodiant le ministre. Il annonce pour mars 2014, « le printemps du numérique », un événement qui devrait mettre en valeur les pratiques des enseignants catholiques.
Une école sociale
L’enseignement catholique se découvre aussi la fibre sociale. « La construction d’un monde plus juste a toujours constitué un objectif pour l’enseignement catholique… Nous avons la volonté d’épouser les populations les moins favorisées » précise -t-il à propose de la progression du nombre d’élèves en Guyane. « On veut approfondir l’ouverture de nos établissements à tous. pour cela il faut des ressources et nous ne souhaitons pas les chercher du coté des familles ». Mieux, le secrétariat annonce le redéploiement de 500 emplois vers les l’accueil des élèves les plus fragiles. Il envisage d’accueillir dans des établissements de cnetre ville des populations moins favorisées.
Et même une école laïque !
La présence des drapeaux français et républicains, de la devise de la République au fronton des établissements catholiques, une mesure imposée par la loi d’orientation, « ne paraissent pas illégitimes ». L’enseignement d ela morale laïque ? « Dès lors qu’il ne s’agit pas d’imposer une vulgate (sic), on n’a pas de raison de s’y opposer. On voit bien ce qu’il y a de commun entre la morale chrétienne et républicaine », ajoute-il. Par rapport à l’école publique, « les besoins du pays sont suffisamment sérieux pour s’éviter la concurrence ».
Mais les différences restent
Alors qu’est ce qui différencie cette école qui se dit « partenaire » et non concurrente, de l’école laïque ? Pédagogiquement le secrétaire général pense que l’école catholique offre un modèle de communautés éducative plus unies et plus indépendantes que dans le public. « A l’échelle nationale, il y a là une piste à creuser pour l’avenir du système éducatif ». Républicaine, l’école catholique renvoie l’image de la république et de l’Eglise d’avant la séparation. D’accord pour la devise républicaine mais à condition qu’un extrait des évangiles lui soit associée. Cette association « ne pose pas plus de question que l’existence d’établissements catholiques associés à l’Etat ». Quant au drapeau tricolore, « il faut un peu de patience et de dialogue ».
Reste la question sociale. Le secrétaire général a beau dire que les familles viennent dans les établissements pour des raisons pédagogiques, les études sociologiques, celles de Pierre Merle ou Marco Oberti, montrent que l’entre soi est le facteur principal. Sur la ségrégation sociale bien installée dans les établissements du 92, le secrétaire général entend respecter la liberté des familles, alors qu’il s’agit de politiques d’établissement. Sur la carte scolaire, « elle ne s’applique pas dans nos établissements… mais nous revendiquons de participer à notre manière ». Comment faire face à des responsabilités sociales sans s’inscrire dans la carte scolaire ? Il y a là un exercice bien difficile…
Emplois et statut
L’enseignement catholique entend aussi faire avancer son statut. Le secrétaire général est favorable à une diminution de la durée de 5 ans pour accorder un contrat avec l’Etat à un établissements. D’ores et déjà 779 emplois nouveaux sont inscrits à la loi de finances 2014. « Je ne serai pas celui qui réclame l’impossible », affirme Pascal Balmand. L’enseignement catholique s’affiche proche des préoccupations de la nouvelle équipe ministérielle mais aussi fidèle à son identité et son histoire.
François Jarraud