Après des années de forte croissance depuis 2012, le budget de l’Education nationale devrait connaitre une quasi stagnation dès 2019 et ce sur plusieurs années. Ce qui équivaut à une baisse relative compte tenu de l’inflation. C’est un des enseignements qui résultent des premiers documents de la loi de finances 2019 qui viennent d’être dévoilés devant le Parlement.
Réduire la dépense publique
Le « rapport préparatoire au débat de la loi de finances 2019 » est le premier document à dévoiler le budget en préparation pour 2019 et les années suivantes. Il a donné lieu à deux rapports, au Sénat par Albéric de Montgolfier (LR) et par Joël Giraud (LREM) à l’Assemblée.
L’idée maitresse du budget c’est d’arriver à un déficit public nul en 2022 en passant par des baisses régulières des dépenses publiques. C’est que, pour le gouvernement, la France est la championne européenne de la dépense publique. On est au dessus des autres pays européens dans tous les domaines particulièrement la vieillesse, la santé, le logement, l’éducation, tous domaines où le gouvernement engage des réformes. Sans aller y voir plus loin, le rapporteur du gouvernement écrit : » la France dépense plus que ses voisins dans la quasi-totalité des autres champs de politiques publiques qu’il s’agisse des affaires économiques (1,6 point de PIB), la santé (1,1 point de PIB), le logement (1,0 point de PIB), l’éducation (0,7 point de PIB), la défense (0,5 point de PIB) ou même la protection de l’environnement (0,2 point de PIB ». Ce qui est sous entendu c’est la disparition de ces taches rouges sur le quinquennat.
Le gouvernement a programmé la réduction du déficit public. Le solde public devrait passer de -2.6% en 2017 à -2.3 en 2018, autant en 2019, puis -1.1 en 2020 et 0 en 2022. La dépense publique passerait de 55% du PIB en 2017 à 53% en 2019 et 51% en 2022.
Suppressions d’emplois
Par conséquent le gouvernement a inscrit dans la loi de finances la suppression d’au moins 50 000 emplois de fonctionnaires d’Etat d’ici 2022. En même temps il va augmenter de 16 000 emplois la Sécurité et la Justice. L’effort de suppressions de postes ailleurs devrait donc atteindre 70 000 emplois sans qu’on sache exactement où les trouver.
Pour 2018, 1571 emplois devraient être supprimés, principalement dans les ministères économiques, à la santé, à l’écologie, au travail et à l’agriculture. A partir de 2019 le gouvernement a aussi décidé de faire disparaitre les emplois gelés du budget. Cette mesure technique fera disparaitre 31 500 emplois non pourvus mais inscrits dans les comptes. JM Blanquer y a eu recours dès le budget 2018.
Au Sénat, le rapporteur souligne la forte baisse de pouvoir d’achat des ménages début 2018, une baisse « d’une ampleur sans précédent depuis 2012 » du fait de la hausse de la pression fiscale. Il relève également le fait que le gouvernement ne prend en compte ni l’infléchissement de la croissance en 2018, ni la reprise de la dette de la Sncf, ni la disparition de la taxe d’habitation. Or toutes ces mesures vont avoir un impact budgétaire et on ignore comment elles seront financées.
La moitié des emplois aidés supprimés
Il s’interroge sur les baisses de la dépense publique annoncée. Elles correspondent à 81 milliards d’économies sur les trois dernières années du quinquennat.
» Même concernant l’exercice 2019, pour lequel un projet de loi de finances doit être déposé dans trois mois, les parlementaires doivent consulter la presse pour « débusquer » les économies sur lesquelles travaillerait le Gouvernement », explique Albéric de Montgolfier.
Il a pourtant trouvé quelques champs d’économies. « Est ainsi évoquée une nouvelle baisse des contrats aidés, avec une diminution des entrées de 200 000 à 100 000 l’an prochain, soit une économie potentielle estimée à 195 millions d’euros en crédits de paiement et à 377 millions d’euros en autorisations d’engagement ». Voilà une nouvelle qui concerne l’Ecole.
L’éducation nationale épargnée ?
Le rapport de l’Assemblée contient les évolutions des budgets des différents ministères pour 2019 et 2020. Pour l’Education nationale (mission enseignement scolaire) le budget devrait passer de 51.5 à 52.1 milliards de 2018 à 2019. Une hausse de 1% correspondant à peu près à l’inflation. En 2020 on passerait à 53 milliards soit une hausse supérieure à l’inflation (+1.7%).
Cette situation, apparemment enviable par rapport à d’autres ministères, doit être nuancée. D’abord parce que l’évolution « naturelle » de la masse salariale , avec les évolutions de carrière normales, impose une hausse nettement supérieure à l’inflation. Ensuite parce que les dépenses du service civique que Macron va lancer, vont peser sur l’éducation nationale. Or elles sont évaluées à environ 2 milliards.
En clair, le ministre n’aura pas les moyens d’une revalorisation salariale et peut être pas non plus ceux d’une évolution salariale normale. La « personnalisation » des carrières, la reconnaissance du « mérite », la contractualisation vont être les outils de cette réalité budgétaire.
François Jarraud