« Mon esprit critique allait-il être balayé par le fait que j’étais prise en charge par l’entreprise ? Peut-on rester partial lorsqu’on est à l’intérieur d’une organisation ? » Sur le site académique d’Orléans-Tours, Françoise Rodrigues rend compte joliment d’un stage organisé par l’institut de l’entreprise, une structure proche du Medef. On sait que ces stages sont critiqués parce que relevant d’un partenariat exclusif avec l’éducation nationale.
F. Rodrigues raconte comment elle a vécu le stage. Elle montre aussi ses efforts d’enseignante pour analyser sa situation. « Je l’avoue, je pensais rencontrer des personnes assez hautaines, qui regarderaient l’arrivée d’un « prof » avec quelque condescendance, j’ai trouvé des personnes humbles, chaleureuses… J’étais là encore victime des stéréotypes sur le prof… J’étais victime de l’idée selon laquelle notre métier était mal connu, peu valorisé, je n’ai jamais ressenti ce malaise au cours de mes entretiens… Quant au temps de travail, de ce que j’ai pu observer, la relation au temps diffère de l’entreprise à l’école. Comparer les temps passés au travail dans l’entreprise ou à l’école n’ont guère de sens à mes yeux. Certes le temps de présence sur le lieu de travail est plus long en entreprise mais il est constitué de temps de réunion, d’échanges entre collègues, de décontraction, qu’un enseignant ne connaît pas dès lors qu’il se retrouve face à la classe, l’intensité n’est selon moi pas la même. L’entreprise a d’autre part une force d’attraction, de captation de temps du fait de l’importance du collectif. J’ai durant 2 mois pu ressentir ce que le collectif a de structurant et de rassurant. Je crois après cette expérience que la solitude qui caractérise le métier de professeur est pesante et devrait être aménagée. D’un autre côté, le risque est grand pour le salarié du groupe de se faire happer par la firme ». Le débat sur les stages IDE reste ouvert.
Rapport de F. Rodrigues
Rappel : L’Expresso du 13 juin