« Internet, et plus particulièrement Usenet, a apporté aux racistes quelque chose de nouveau qu’ils ne trouvaient pas jusqu’alors dans la vie réelle : la proximité avec les individus qui partagent leurs positions racistes. Dans un espace local ou régional, du moins dans le périmètre de déplacement d’un individu, un raciste a moins de chance de rencontrer beaucoup de personnes qui partagent ses positions dans la vie réelle que sur internet. Si l’on prend l’exemple de la France, plus ou moins 20 % des Français manifestent dans les urnes leur intérêt pour le parti nationaliste français, lequel a développé et développe insidieusement des thèses racistes et antisémites, et si l’on répartit ces 20 % sur tout le territoire français, cela laisse les racistes éloignés les uns des autres. En écoutant les discours plaintifs des partisans de ce genre de discours, on comprend que la frustration d’être minoritaire est constante chez ces gens-là. Internet, et plus particulièrement Usenet, leur donne justement les moyens de « soigner » cette frustration ». Le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme propose une intéressante analyse de l’Internet raciste en langue française. Une première partie analyse les sites racistes et antisémites et montre les différentes mouvances qui les anime : nationalistes révolutionnaires, identitaires, skinheads, fondamentalistes musulmans etc. La plupart des sites sont publiés par des groupes d’extrême droite et hébergés hors de France. Dans certains cas, ils ont permis la constitution de groupes responsables d’actions violentes. Un second chapitre s’intéresse aux groupes de discussion francophones sur Usenet, premier moyen de diffusion du racisme et de l’antisémitisme dans l’internet francophone. Ils véhiculent à la fois des écrits haineux anti-arabes, anti-musulmans et antisémites. A ces deux thèmes s’ajoute maintenant un racisme anti-américain. Ces forums permettent aux racistes de se sentir moins isolés et de s’exprimer en toute impunité de façon anonyme. Pour l’auteur de cette recherche, » les groupes de discussion, au moins du point de vue francophone, sont un aspect à prendre en compte dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur internet, leur lien avec la vie réelle et les crimes réels qui découlent toujours de ce genre de discours. En ne prenant pas en compte les forums, on laisse le développement naturel des groupes racistes se faire bien mieux qu’ils ne pouvaient le faire dans la vie réelle ».
Rapport
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