Sénateur UMP, Jean-Claude Carle propose dans un petit ouvrage « un projet alternatif » à la refondation de l’Ecole. Ancien mauvais élève mais passionné par l’école, son programme tient en une cinquantaine de pages qui semblent écrites avec la plume du bon sens : appliquer les bonnes méthodes pédagogiques, payer les enseignants au résultat. Mais le diable est parfois dans les détails…
Dans votre ouvrage vous donnez la priorité au primaire et à la formation des enseignants. C’est ce que propose le gouvernement dans le cadre de la refondation de l’Ecole. En quoi votre ouvrage est un « projet alternatif » ?
Je partage le point de vue de Vincent Peillon sur la priorité au primaire. Depuis des décennies, le primaire a été abandonné. Les moyens sont allés dans le secondaire où le corporatisme est plus puissant. Mais V. Peillon ne s’attaque pas aux vraies raisons de l’échec scolaire. Il parle des rythmes scolaires qui posent pas mal de problèmes. Mais il ne propose rien de concret pour lutter contre l’échec scolaire. L’échec commence dès le CP. On sait qu’un jeune sur deux qui redouble le CP fera partie des 150 000 jeunes qui quitteront l’école sans diplôme. Or d’autres pays sont réussi à améliorer les résultats de leur système éducatif et ont des systèmes plus égalitaires que le notre. Ils ont mis les moyens sur l’effet maitre. Ils ont formé les enseignants aux pédagogies efficaces, qui marchent aux Etats-Unis, au Québec ou en France avec la méthode PARLER du Dr Zorman. Moi je propose qu’on commence très tôt ces enseignements et donc d’inscrire la grande section de maternelle dans le 1er cycle du primaire en abaissant l’obligation scolaire à 5 ans. A la différence de V Peillon, je trouve qu’attendre le CP pour c’ets déjà trop tard.
Vous pensez que l’on peut généraliser des méthodes comme celle de Zorman ?
L’échec scolaire n’est pas une question de moyens mais de formation des enseignants. On a augmenté le nombre d’enseignants et on voit bien que ça ne marche pas. Le « plus de maitres que de classes » de V Peillon n’ets pas davantage la réponse. Lang avait créé 10 000 postes. Dix ans plus tard PISA montrait la baisse de niveau. Il faut réaffecter des moyens vers le primaire sur le premier cycle et attaquer le mal à la racine.
Vous recommandez de payer les enseignants au mérite. Mais comment faire ?
Il faut d’abord former les enseignants. Ensuite les soutenir et leur porposer une carrière évoluant en fonction de leur efficacité. Par exemple en fonction des résultats à l’enquête internationale PIRLS. Il faut aussi changer le statut des enseignants. L’éducation nationale doit acquérir cette culture de résultats. Elle doit arrêter de croire qu’on peut piloter l’éducation par des circulaires. Déjà les IEN, les conseillers pédagogiques devraient tutorer les enseignants et passer moins de temps aux taches administratives. Il faut du réseau à l aplace de la hiérarchie verticale.
Mais vous reconstituez du pyramidal en proposant de payer les enseignants au mérite…
Ce n’est pas pyramidal. C’est un changement de culture. Dans la société on exige des résultats. L’éducation nationale ne peut pas être à l’écart de la société. Pour cela il faut former les enseignants, les accompagner dans la maitrise de pédagogies évaluées, plus efficaces. Il faut aussi éviter de se disperser comme on l’a fait avec le socle.
Votre ouvrage fait toujours référence à Jospin, très peu à Fillon. Pourquoi n’avoir pas mis en application vos idées ces 10 dernières années où votre parti était au pouvoir ?
Je suis objectif. Nous avons notre part de responsabilité dans la situation actuelle. On n’aurait pas du écouter les corporatismes. On aurait du mettre les moyens là où sont les besoins.
Propos recueillis par François Jarraud