On est loin des 0.1% de « perturbateurs radicalisés antidémocratiques » annoncés par JM Blanquer le 19 janvier. Pour le premier jour de la première session du nouveau bac, le ministère annonce un lycée sur dix perturbé et des épreuves annulées dans 40 lycées. Cette estimation basse est contredite par le Snpden, syndicat des personnels de direction Unsa, qui estime que 15% des lycées connaissent des perturbations, et par le Snes Fsu qui cite 40% des lycées. Visiblement il y a pas mal « d’anti Blanquer » dans les établissements et encore davantage d’enseignants et élèves hostiles au nouveau bac. Le session ne fait que commencer…
4000 enseignants sanctionnés à l’occasion du bac 2019
A bon entendeur, salut. La journée du 20 janvier, premier jour des épreuves du controle continu du nouveau bac (les « E3C »), commence par l’annonce des sanctions donnés aux enseignants qui ont fait grève lors du bac 2019, cet été. On découvre d’ailleurs qu’ils sont 4000 et non 2000 comme le ministre l’avait dit. En fait, 4000 enseignants ont eu une retenue sur salaire pour avoir fait la grève du bac. 500 ont été rappelés à l’ordre et 50 ont eu un blâme ou un avertissement.
Des blocages et des actions un peu partout
Tout cela n’a pas découragé les enseignants le 20 janvier. Par exemple, dans l’académie de Rennes, au lycée Bach de Rennes des élèves et des enseignants « soutenus par des militants extérieurs », selon le rectorat, ont bloqué le lycée et les épreuves ont été reportées. Selon le recteur « seule le lycée Bach déplore un report ». Mais en fait les épreuves ont aussi été annulées au lycée Freyssinet de Saint Brieuc selon France 3. D’autres lycées sont perturbés comme le lycée de Montfort sur Meu. Dans l’académie de Nantes, les épreuves d’anglais ont été annulées au lycée de Pornic et des actions importantes ont eu lieu à Laval (Mayenne) et à Saint Nazaire, selon France 3, ce qui n’empêche pas le rectorat d’affirmer « qu’aucune épreuve n’est perturbée ». Dans l’académie de Poitiers les épreuves sont reportées au lycée Valin de La Rochelle. Des blocages ont eu lieu dans plusieurs lycées de Poitiers et La Rochelle.Epreuves reportées aussi à Saint Etienne et Chazelles sur Lyon. A Montauban un tiers des élèves a refusé de prendre part à ces épreuves. A Mazamet aussi des élèves ont fait la grève des épreuves.
40 à 400 lycées touchés
Selon le ministère « environ 400 lycées ont composé (le 20 janvier), une quarantaine ont été perturbés temporairement. 10 lycées ont reporté partiellement ou totalement les épreuves », annonce le ministère de l’éducation nationale.
La veille, le ministre de l’éducation nationale affirmait sur France Inter que » la réforme a recueilli l’adhésion quand je l’ai présentée. 99.9% des enseignants sont d’accord avec ce que je dis ». » Il n’y a pas de climat anti-Blanquer à l’éducation nationale », ajoutait JM Blanquer en fustigeant « des minorités radicalisées antidémocratiques et antirépublicaines » responsables des « perturbations ».
Selon Philippe Vincent, secrétaire général du Snpden Unsa, sur France 3, » entre 200 et 250 lycées (sur un total de 1.600) se seraient déclarés pour un ou plusieurs mots d’ordre, du refus de la remontée des sujets au boycott des corrections ou encore de la surveillance ». Le Snes Fsu estime que « dans près de 40 % des lycées où les E3C devaient se tenir aujourd’hui, la communauté éducative (professeurs, élèves) s’est mobilisée pour dénoncer les nombreux problèmes posés par le bac Blanquer. Grève, manifestations, actions symboliques, distribution de tracts, actions de la part des élèves, les actions ont été diversifiées et ont conduit, localement, à des reports d’épreuves ».
Pour le Snes, » la colère n’a jamais été aussi forte dans l’Education Nationale. Plutôt que de jouer aux apprentis sorciers en comptant sur un essoufflement du mouvement, les menaces de sanction ou le discrédit des personnels mobilisés, il est de la responsabilité du Ministre de l’entendre, de faire des premiers gestes concrets et forts immédiatement (annulation de la première session d’E3C par exemple), sans quoi la crise pourrait s’aggraver ».
De nouveaux blocages et des perturbations auront lieu encore dans les jours à venir , probablement crescendo jusqu’au 24 janvier jour de grève nationale.
François Jarraud