Les professeurs touchés par le macronisme ? A l’occasion de son congrès, le Snes Fsu publie les résultats d’un sondage Ipsos réalisé auprès de 600 enseignants du second degré. Il fait suite à la publication par l’Unsa Education de son « baromètre » annuel, particulièrement critique cette année envers le ministre. Si le Snes voit dans ce sondage, « un grand décalage entre la réalité quotidienne perçue par les enseignants et le flot de réformes et de communication du ministre », et globalement une absence de confiance envers JM Blanquer, on peut y lire aussi un accueil positif envers certaines réformes.
« Ce sondage montre un grand décalage entre la réalité quotidienne perçue par les enseignants et le flot de réformes et de communication du Ministre », estime F Rolet, secrétaire générale du Snes. « Quand on interroge les personnels réellement confrontés aux intentions du gouvernement, les résultats des sondages sont bien différents de l’a-priori positif que le ministre Blanquer a su installer auprès de l’opinion dans son ensemble. La réalité, c’est que les enseignants n’ont pas confiance. Ils voient chaque jour leur métier se dégrader et leur pouvoir d’achat s’éroder depuis plusieurs décennies. Les perspectives posées par le gouvernement les inquiètent chaque jour davantage. Le Snes-FSU sera pleinement mobilisé dans les prochains mois pour défendre une vision exigeante du service public … et les conditions de travail des personnels ».
Effectivement 68% des enseignants du 2d degré ne font pas confiance au ministre pour prendre en compte les attentes des enseignants et seulement 34% estiment que les premières mesures vont dans le bon sens. Effectivement le pourcentage d’enseignants satisfait du métier continue à chuter (64% contre 85% en 1998). Effectivement les enseignants se plaignent du nombre d’élève spar classe et du manque de reconnaissance. Et 76% demandent un meilleur salaire.
Mais rappelons nous la sévérité des conclusions du Baromètre Unsa, portant lui sur plus de 33 000 salariés de l’éducation. Seulement 21% d’entre eux se déclarent en accord avec les choix politiques effectués. C’est à peine 3% de moins qu’en mars 2017 sous une autre majorité. Mais ces 3% pèsent lourd. De 2017 à 2018 les cadres (IPR, IEN, personnels de direction) sont passés du soutien au rejet des réformes menées. Le phénomène nouveau du Baromètre Unsa 2018 c’est que plus aucune catégorie de personnel de l’Education nationale est en accord avec le ministre.
C’est beaucoup plus nuancé dans le sondage réalisé pour le Snes. Ainsi 68% des enseignants du 2d degré ne font pas confiance au ministre pour prendre en compte les attentes des enseignants mais 30% lui font confiance et 45% lui font confiance conduire les réformes nécessaires (contre 53%). Dans le détail, les enseignants plébiscitent ,selon le Snes, les réformes menées par JM Blanquer. La mise en place de filières au collège : favorables à 70%. La réintroduction des bilangues et du latin-grec : oui à 90%. L’assouplissement des EPI oui à 82%. Parcoursup : oui à 65%. La réforme du bac et du lycée recueillent moins de la moitié d’avis favorable mais quand même 43 et 48%. Mieux encore pour le ministre, la création « d’une instance collective dédiée aux questions pédagogiques », autrement dit le conseil pédagogique que le Snes a longtemps combattu, accueille 73% d’avis favorable. Et 61% des enseignants , selon le sondage, accepteraient un allongement du temps de présence obligatoire dans les établissements (contre contrepartie).
Au final, ce sondage semble nettement plus favorable au ministre que le baromètre Unsa. Il montre une certaine perméabilité aux thèses ministérielles. Les contre réformes du ministre sont plébiscitées mais il reste encore des doutes sur sa politique.
F Jarraud