Congrès de l’ANDEV à Nevers : Lancer des passerelles entre les services publics et les usagers…
« Notre métier, c’est de faire le passeur entre les familles et les différents services publics ou associations qui interviennent dans l’Education des jeunes, pour faire bouger les représentations des uns sur les autres » explique le directeur de l’éducation de Nevers à la tribune du Congrès de l’ANDEV (Association des Directeurs à l’Education des Villes de France), où se sont réunis, du 6 au 8 décembre 2006, deux cents responsables des services « Education » de nombreuses villes de France, grandes ou petites, de droite ou de gauche.
Cette année, le thème de ce temps de formation collective est » L’école et l’éducation – au coeur des problématiques urbaines et sociales ». A travers ateliers et tables rondes, trois jours denses pour échanger, apprendre, comparer, connaître… Au-delà du compte-rendu dont il est toujours difficile de rendre compte par écrit, le Café a choisi de vous faire entrevoir le kaléidoscope des situations locales, des préoccupations concrètes de quelques uns des acteurs réunis dans l’amphithéâtre de la Maison de la Culture nivernaise…
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http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/andev06_index.aspx
Un projet pour l’Ecole peut-il sortir du débat électoral ?
« En faisant de l’élève l’auteur de son propre savoir, une idéologie folle a mis l’élève à la place du maître…. En mettant les parents au même niveau que les enfants, une idéologie folle a couvert les familles de son mépris… Enfin, en nivelant les exigences par le bas, une idéologie folle a brisé l’outil de l’égalité des chances » Dans son discours d’Angers, le 1er décembre, Nicolas Sarkozy a nettement choisi le camp des réactionnaires de l’Ecole. C’est un fait nouveau : il a opéré un virage par rapport à la convention UMP de février 2006 où, si Le Bris tenait tribune, le discours du ministre de l’intérieur était plus équilibré.
Outre son conservatisme, on pourrait tout aussi bien relever l’incohérence du projet pour l’Ecole du candidat UMP qui proclame que « c’est à l’institution scolaire de s’organiser pour que chaque établissement attire des élèves de toutes origines » tout en proposant » que chaque famille ait le choix de l’établissement scolaire de son enfant ». On pourrait également opposer le candidat qui veut plus d’art, plus d’eps, plus de discipline, plus de contrôle etc. tout en affirmant le principe d’autonomie des établissements.
Mais, dès qu’il est question d’école, à vrai dire, on trouverait ailleurs des incohérences similaires. Par exemple, il y a quelques jours le ministre de l’éducation nationale souhaitait que les enseignants disposent de bureaux, que les écoles primaires aient davantage d’ordinateurs et que les établissements secondaires bénéficient d’espaces numériques de travail, voeux qui ne lui coûtent pas cher puisque l’Etat a abandonné aux collectivités locales la construction, l’aménagement et l’équipement des locaux scolaires depuis déjà deux décennies… Peut-être trouverait-on également à gauche des incohérences similaires…
En fait ce qui est le plus frappant dans ces discours c’est « l’oubli » des acteurs locaux. Le modèle proposé par le ministre de l’intérieur à Angers conjugue l’appel à l’enseignement privé, la liberté de choix des parents, l’autonomie des établissements avec un poids renforcé des parents et un contrôle étatique réaffirmé. Il gomme les échelons intermédiaires.
Le débat sur l’Ecole s’effectue par rapport au modèle de l’école centralisée de la Troisième République, estimable sans doute mais totalement dépassé. C’est d’autant plus surprenant que communes, départements et régions jouent maintenant un rôle majeur dans le fonctionnement quotidien des établissements et que la totalité des pays développés cherche justement le bon équilibre entre le national et le local. Aujourd’hui la moitié des pays de l’Ocde recrutent leurs enseignants localement, la moitié associe les établissements et les pouvoirs locaux à la définition des programmes. Chez tous les pays développés, le modèle centralisé a disparu.
Or ce que nous dit la recherche c’est que l’efficacité de l’Ecole a à voir avec l’équilibre entre pouvoir national et local. L’égalité de l’Ecole également. Ainsi, Nathalie Mons (dans Améliorer l’école, PUF 2006) compare les résultats des systèmes scolaires avec leur mode d’organisation. Ainsi « en ce qui concerne la conception des programmes éducatifs le système associé aux performances les plus élevées est celui qui voit collaborer un Etat régulateur et des établissements encharge de la définition détaillée des programmes… Un statut d’autonomie des écoles, s’il est fortement encadré par un programme national cadre et une gestion par les autorités locales… peut être associé à des inégalités scolaires faibles. Au total… la gouvernance locale n’est pas toujours synonyme d’inégalités scolaires ».
Evidemment tous ces résultats sont à prendre avec précaution. Il ne suffit pas de décider la décentralisation pour qu’elle soit effective. L’autonomie, par définition, ne se décrète pas. Tout est à tempérer en fonction des histoires et des sensibilités nationales.
La vraie leçon de ces recherches c’est de nous montrer que la réflexion sur le degré de décentralisation amène obligatoirement à expliciter le type d’école que l’on souhaite : par exemple à privilégier efficacité ou égalité. C’est peut-être ce débat là qui est soigneusement mis à l’écart et enterré sous des formules incohérentes et vagues.
Ajoutons quand même que , dans le cas français, l’histoire des vingt dernières années nous a appris que la décentralisation est allée de pair avec une amélioration de l’entretien et de l’équipement des établissements et, globalement avec un véritable souci de connaître et comprendre les pratiques réelles des enseignants.
La Lettre de Prisme
Au sommaire de la Lettre de l’association Prisme : le compte-rendu des journées ARF de Lille, « Le retour du territoire », un article d’Olivier Masson, une rubrique régionale très fournie, des informations sur la carte scolaire etc.
http://www.prisme-asso.org/article-imprim.php3?id_article=419
La carte au secours des politiques scolaires
Comment les outils modernes de cartographie peuvent-ils aider la prospective pour les politiques scolaires ? Dans Mappemonde, Patrice Caro, Emmanuel Faivre et Frédéric Grosjean en donnent un bel exemple à partir des collèges des Hautes-Alpes. « Une étude de la localisation de nouveaux collèges dans le bassin de formation de Gap, en croissance démographique, montre que la carte constitue un robuste outil de diagnostic et de prospective pour les politiques scolaires. Tout d’abord, la carte, outil de recherche, mesure l’accessibilité des collèges et leurs aires de recrutement. Puis, vecteur de communication entre acteurs, elle «donne à voir», en le matérialisant, le territoire scolaire aux élus en charge des collèges, en modifiant leurs représentations de l’espace. Enfin, elle permet d’asseoir des scénarios ».
http://mappemonde.mgm.fr/num10/index.html