« Cela donne une dynamique de cours intéressante ». Laurent Siccard, professeur d’histoire-géographie au collège de Bricquebec (Cotentin) a introduit un principe ludique dans le bon vieux cours sur la seigneurie médiévale. Trois fois rien qui suffisent à pousser les élèves à veiller à la qualité de leur travail et à ne pas hésiter à le refaire.
Ludifier un cours
« Plus qu’un jeu c’est un principe de ludification ». L’idée est venue d’un stage avec Denis Sestier, professeur, formateur et animateur du réseau Ludus qui milite pour le jeu en éducation. « Le jeu quand c’est réfléchi en amont devient un outil puissant pour faire passer des connaissances », nous dit Laurent Siccard.
Son idée est simple. Les élèves étudient des documents sur la seigneurie médiévale. Mais en fonction de la qualité de leur travail ils obtiennent des images qui leur permettent petit à petit de monter leur seigneurie. « Les activités sont classiques. Mais à chaque fois les élèves gagnent une image de bâtiment en fonction du degré de réussite. Par exemple ils peuvent avoir une chapelle, une église ou une cathédrale ». Et ça marche. « Les élèves refont leurs activités volontiers alors que d’habitude ce n’est pas évident. Ils fixent ensuite sur un plan leurs batiments pour avoir la plus belle des seigneuries ».
Inconvénient de ce jeu : il prend du temps. « Pour en regagner j’introduis dans la seigneurie un marché et des artisans et je traite en même temps les fonctions urbaines et la ville médiévale ». Avec ce stratagème l’horaire passe à 3 ou 4 heures de jeu en salle informatique et 8 à 9 pour la séquence au total, soit à peu près le temps prévu.
L’univers des collégiens n’est pas étranger à l’école
Comment passer du jeu à la trace écrite ? « Dans la phase d’affermissement on regroupe les savoirs dans un moment collectif où une carte mentale est complétée », explique L Siccard. « On reformalise en utilisant les informations qu’ils ont retenu des activités ».
A quoi sert tout ce travail de préparation pédagogique ? « Ca sert à susciter la réactivité des gosses », dit L Siccard. « Ils sont en demande et du coup cela crée une dynamique de cours intéressante. Cela m’amène aussi à décentrer mon raisonnement : je pense au comment faire passer le savoir davantage qu’au savoir lui même. J’entre dans leur univers et je leur montre qu’il n’est pas étranger à l’école ».
Propos recueillis par François Jarraud