Si le thème central, « Guerre et paix », n’a pas changé depuis l’édition qui était prévue en mars 2020, la nouvelle édition du Printemps de l’économie, qui aura lieu du 13 au 16 octobre, s’ouvre largement aux problématiques nées de la pandémie mondiale. Même en automne, le Printemps reste un grand événement des sciences économiques et sociales et une aubaine pour les professeurs de SES. Rémi Jeannin, vice président de l’association qui organise le Printemps et professeur de SES, le démontre.
Le Printemps de l’économie n’a pas pu se tenir en mars. Il revient du 13 au 16 octobre 2020 avec le même thème « Guerre et paix ». Est-ce encore un sujet d’actualité en pleine pandémie ?
Plus que jamais ! On est dans un contexte géopolitique très tendu du fait de la remise en question du multilatéralisme par l’administration Trump. Il y a un bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine. Le contexte a des répercussions sur l’économie mondiale. La pandémie actuelle se traduit par des frontières qui se ferment et de nouvelles tensions.
Le Printemps s’adapte -il à la crise sanitaire ?
Le Printemps propose 4 journées de séances en présentiel. On a réduit la capacité des salles pour respecter les règles de distanciation en proposant un siège sur deux. Mais l’événement sera retransmis. En cas de fermeture on pourra donc suivre à distance le Printemps.
Comment l’épidémie trouve t-elle place dans la programmation ?
On a recontextualisé les sessions en fonction d’elle. Par exemple le thème « faut-il rembourser les dettes publiques » trouve toute sa pertinence car ces dettes augmentent rapidement en ce moment. La crise financière, évoquée au Printemps, a été évitée mais comment parer une telle crise reste d’actualité. Les inégalités aussi y compris dans leur dimension territoriale puisque l’épidémie frappe différemment les territoires. La pandémie joue aussi sur la course au leadership mondial avec des économies américaine et européenne très atteintes et la Chine qui l’est beaucoup moins.
On a aussi renouvelé notre magazine de 48 pages qui sera donné aux participants et envoyé dans les lycées. Il évoque les conséquences économiques de la crise sanitaire.
Le Printemps réunit des intervenants très prestigieux. Comment les trouvez-vous ?
C’est vrai que de nombreuses personnalités participent au Printemps, comme H Védrine, A Montebourg, M Aglietta, P Artus, J PIsani-Ferry, N Valla, N Aufauvre, X Ragot, J Couppey-Soubeyran etc. Souvent il s’agit de partenaires du Printemps qui nous font bénéficier de leurs relations. Mais on invite aussi de jeunes chercheurs. Et on cherche à atteindre la parité , même si c’est difficile.
Le Printemps a un partenariat avec l’Apses. En quoi consiste-il ?
L’Apses organise un événement sur la guerre des plateformes contre le salariat. C’est un sujet très actuel : la Cour de Casation a déclaré que les chauffeurs d’Uber sont des salariés. L’Apses organise aussi une séquence cinéma. Enfin il y a le concours vidéo « 3 minutes pour comprendre avec les SES » où les élèves présentent en 3 minutes une notion des SES.
Que peut apporter le Printemps à un enseignant ?
Chaque année on a environ 10 000 participants au Printemps dont moitié de scolaires. Les tables rondes sont très enrichissantes pour les élèves à condition d’être bien préparées. On a d’ailleurs une sorte de garde fou lors des conférences : quand le débat devient trop compliqué, des étudiants interviennent et demandent des explications pour que tout soit accessible à tous. Mais pour que les élèves bénéficient pleinement du Printemps, on réalise des fiches pédagogiques qui sont envoyées avant l’événement. Elles seront en ligne vers le 8 mars. Elles permettent de préparer en classe la venue du groupe classe en éclairant le sujet avec des ressources complémentaires. Les enseignants peuvent aussi préparer une reprise après la venue au Printemps pour approfondir un point du programme ou anticiper sur l’année suivante. Venir au Printemps apporte beaucoup aux élèves.
Propos recueillis par F Jarraud