Par François Jarraud
Le ton républicain du discours de François Hollande, l’appel au redressement moral, la dignité reconnue à l’école et au métier d’enseignant ont frappé les participants au meeting d’Orléans. Ces propos sont d’autant plus utiles qu’on sait que les enseignants vont faire les frais d’une campagne médiatique probablement violente dans les semaines à venir. Pour autant le discours de François Hollande a ses silences qui interrogent les acteurs.
Le premier porte justement sur le métier d’enseignant. Si François Hollande veut revoir les rythmes scolaires cela aura forcément des conséquences pour les professeurs. La question de la revalorisation salariale n’est même pas mentionnée dans le discours alors que les enseignants français sont parmi les moins bien payés des pays de l’OCDE. Il y a évidemment un rapport entre des salaires aussi faibles et la difficulté qu’éprouve le ministère à trouver des candidats aux concours. Comment dès lors embaucher les 60 000 nouveaux fonctionnaires promis par F Hollande ? Comment penser que François Hollande et son équipe n’ont pas à l’avance construit leur budget ? Comment dès lors interpréter ce silence ?
Une autre zone d’ombre porte sur le secondaire. F Hollande a sans doute raison de mettre l’accent sur le primaire. Sur ce terrain la réflexion est avancée et des mesures précises, comme la suppression des évaluations ou la révision des programmes de 2008, sont annoncées. Faut-il pour autant considérer que tout va bien au collège et au lycée ? S’il est légitime de conserver le socle commun faut-il maintenir l’absurdité bureaucratique que constitue le livret personnel de compétences tel qu’il a été introduit par Chatel ? Faut-il conserver le curieux monstre qu’est devenu le brevet où s’empilent un examen classique surmonté de la validation du socle ? Devant l’échec qu’est la réforme du lycée est-ce son application seulement qui pêche ? Que penser de l’entassement des dispositifs d’accompagnement introduits de l’école au lycée sans que leur efficacité soit démontrée ? Est ce le principe même de ce type d’aide qui est à revoir ou est-ce l’application qu’en ont fait Darcos et Chatel ?
En parler davantage c’est peut-être diminuer d’autant les futures négociations. Mais ne rien dire n’est-ce pas montrer que le candidat n’est pas prêt ou qu’il n’a pas arbitré ? Dans la campagne qui s’annonce d’une rare violence le temps de travail et le salaire des enseignants seront des thèmes de campagne. Inutile d’attendre pour clarifier les positions.
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