Par François Jarraud
A quoi ressemble un président « normal » ? A la modestie du cortège ? A une certaine modération dans les choixpédagogiques ? Aux valeurs mises en avant ? Jeudi 7 juin 2012, François Hollande s’est invité à l’école des Trois cahiers de Dieudonne (Oise) pour apporter une bonne nouvelle aux enseignants et rappeler qu’il faut voter pour lui donner une majorité.
François Hollande a beau répéter qu’il « n’est pas venu là par hasard », sa visite est une surprise complète pour les habitants de la petite commune de Dieudonne (Oise). A 50 kilomètres au nord de Paris, Dieudonne n’est pas un fief socialiste. Lors des présidentielles, la commune a massivement choisi Nicolas Sarkozy (59%). Au premier tour , Sarkozy (31%) et Le Pen (28%) devancent largement F. Hollande (17%). Cette petite commune de 848 habitants du sud du département de l’Oise a connu une croissance rapide depuis la fin des années 1980 avec de jeunes couples qui ont fuit l’agglomération parisienne pour choisir la vie des néo-ruraux. Cette population récemment ancrée à Dieudonne regarde avec méfiance le Val d’Oise et ses trouble fête.
Une situation scolaire dégradée
L’Oise souffre aussi sur le plan scolaire. Selon le recteur, Bernard Beignier, le département perd 360 élèves à la rentrée 2012 et on lui a demandé de rendre 40 postes. Selon le Snuipp local, les suppressions de postes des années antérieures ont déjà vidé les écoles et il manque 70 postes pour redescendre le ratio professeurs / écoliers à un niveau moyen. Mais la particularité de l’Oise est ailleurs. « C’est une nasse dont on ne peut pas sortir » explique le Snuipp. Nathalie Puissant, secrétaire écoles du Se-Unsa rappelle que personne ne veut venir enseigner dans l’Oise. « En 2011 on a affecté d’office tous les reçus dans le département pour faire face au déficit. En 2012 une cinquantaine de nouveaux professeur iront d’office dans le département. « Les gens ne veulent pas aller dans l’Oise car ils savent qu’ils n’en sortiront plus ».
Pourtant, « les enfants et les maitres sont bien dans notre école », nous confie la bibliothécaire municipale de Dieudonne, installée dans l’école. Tout le personnel éducation nationale a interdiction de parler à la presse et la bibliothécaire municipale est le seul interlocuteur pour la cinquantaine de journalistes qui suivent François Hollande. « Les enfants s’y plaisent et ne veulent pas quitter leur école ». L’école des trois cahiers compte 4 classes multi niveaux : une petite section moyenne section de 23 enfants, un CP grande section de 19 élèves, un CE 1 et 2 de 23 élèves et les cours moyens avec 16 écoliers. Un poste est menacé et devrait disparaitre à la rentrée.
Défense de l’école rurale
Le président normal se remarque d’abord par son cortège. Il y a sans doute autant de gardes du corps qu’au temps de N. Sarkozy. Mais il manque les 800 policiers qui mettaient en état de siège toute commune recevant le président. A Dieudonne, trois gendarmes placides gardent l’école. Le plus proche voisin affiche un calicot humoristique sans que pleuve sur lui autre chose qu’un regard amusé. Seule l’éducation nationale a donné des consignes très strictes à son personnel. C’est motus et bouche cousue. On ne saura rien des lourds secrets de l’école de Dieudonne…
Le président passe beaucoup plus de temps avec les enseignantes de Dieudonne qu’avec les médias. Accompagné par Vincent Peillon et George Pau-Langevin, il visite deux classes, écoute les enfants et les enseignantes. Il pose avec les parents et les bambins. Dans la cour, les plus jeunes scandent « François Hollande ». Normal : ils sont en PS (petite section)…
Arrive le moment du discours. « Je voulais vous dire ma confiance dans l’école de la République », affirme F. Hollande. « Il y a une crise mais nous saurons préserver les moyens donnés à l’école pour qu’elle puisse répondre à ce qu’on attend d’elle ». Il précise. « J’ai confiance dans l’école maternelle. Elle permettra d’assurer l’égalité… Je suis très attaché à l’école rurale. Je connais les contraintes qui pèsent sur les communes rurales. Les école rurales devront être préservées autant qu’il sera possible s’il y a les effectifs suffisants ». F Hollande ne veut pas qu’on croie à un passe-droit au bénéfice de l’école de Dieudonne. Son 4ème poste est maintenu car il y aura 87 enfants à la rentrée 2012.
Quels choix pédagogiques ?
Interrogé par les journalistes, François Hollande se garde d’opinions extrêmes sur le plan pédagogique. La notation ? « Des notes il en faut », répond le président. Les rythmes scolaires ? « Il y aura une concertation avec les enseignants et les parents » mais « ce ne sera pas la même chose dans tous les départements ». Le redoublement ? « Ce n’est pas toujours la bonne réponse mais parfois c’est la seule qui vaille… Limitons le nombre aux cas indispensables ».
Au final, le président normal ressemble à tous les présidents à la veille d’une élection législative. « J’ai besoin d’une majorité. Ce qui va se décider dimanche va être déterminant pour le changement. J’appelle au vote les français. Je demande une majorité cohérente ». On saura dimanche si les habitants de Dieudonne ont été sensibles à la visite présidentielle.
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