Par François Jarraud
Le niveau en langues vivantes des jeunes français était faible. Cinq ans après la réforme mise en place en 2005 il a encore baissé en fin de collège, affirme une étude de la Depp (Direction des études du ministère). Par contre la Depp enregistre une hausse sensible à l’école primaire où, il est vrai, on partait de zéro…
Moins de la moitié des collégiens de 3ème a un niveau satisfaisant en langues selon une Note d’information du ministère de l’éducation nationale. « En fin de collège, les performances des élèves en langues étrangères (compréhension de l’oral et compréhension de l’écrit) diminuent entre 2004 et 2010. En anglais, le pourcentage d’élèves ayant une maîtrise de la compréhension de l’oral que l’on peut considérer comme satisfaisante en 2010 s’élève à 40,4%; ils étaient 51,3% en 2004. Ces chiffres s’établissent respectivement à 50,3% et 51,9% en compréhension de l’écrit ». En espagnol, 52,6% des élèves maîtrisent de façon satisfaisante la compréhension de l’oral en 2010. Ils sont 55,5% pour la compréhension de l’écrit. En allemand, 41,6% des élèves possèdent cette même maîtrise de la compréhension de l’oral en 2010 ; ils étaient 48,6% en 2004. Pour la compréhension de l’écrit, ces chiffres s’élèvent à 43,5% en 2010 et à 45,7% en 2004″ .
Réalisée en mai 2010 et publiée seulement maintenant, cette étude évalue la première génération à avoir vécu la réforme de l’enseignement des langues. Un plan de rénovation des langues a été introduit en 2005 au collège et en 2010 au lycée. Il s’appuie sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) du Conseil de l’Europe. Il privilégie l’apprentissage de l’oral et une entrée dans les apprentissages par les contenus culturels. Les élèves sont évalués par référence aux niveaux du CECRL et la répartition par groupe de compétences est encouragée.
La baisse de niveau touche beaucoup plus les garçons et les élèves des milieux populaires. « Dans les trois langues, les garçons, les élèves en retard ou qui étudient dans un établissement de l’éducation prioritaire ont en moyenne des performances plus faibles », affirme .
Les explications de l’Inspection générale
Selon François Monnanteuil, doyen du Groupe langues vivantes de l’Inspection générale, « la baisse des résultats de 2010 par rapport à ceux de 2004 dans les activités de compréhension, et surtout de compréhension de l’oral, suggère que l’insistance sur la production orale, notamment l’expression orale en continu, s’est traduite, dans les premiers temps de sa mise en oeuvre, par un moindre entraînement aux activités de compréhension ». Pour lui tout devrait miraculeusement rentrer dans l’ordre grâce au bac. « Compte tenu de l’effet modélisant des épreuves du baccalauréat pour tout l’enseignement secondaire, l’introduction de la compréhension de l’oral dans les séries générales et technologiques à partir de la session 2013 devrait renforcer l’intérêt porté à cette activité langagière, d’autant que c’est un domaine où la mise en place d’un entraînement méthodique et suivi conduit à des progrès rapides, vite perceptibles par les élèves eux-mêmes ». Cela n’explique pas la baisse spécifique des garçons et des établissements d’éducation prioritaire…
Des progrès au primaire
L’enquête ministérielle Cedre concerne aussi la fin de l’école primaire. Et là, les résultats sont meilleurs. « En fin d’école primaire, les performances des élèves en langues étrangères s’améliorent fortement entre 2004 et 2010, corrélativement aux nouveaux programmes scolaires », estime la Depp. « En anglais, 62,6% maîtrisent de façon satisfaisante la compréhension de l’oral et 70,8% la compréhension de l’écrit. Ces proportions étaient respectivement de 52,7% et de 55,1% en 2004 ». En allemand les résultats sont similaires. L’enquête montre une baisse du nombre d’élèves faibles et une hausse des catégories les plus fortes. Selon la Depp ce n’est pas la montée du nombre d’années de pratique qui explique la hausse mais « une amélioration de la qualité des conditions d’enseignement ». Pour l’Inspection générale, le fait que l’enseignement des langues soit davantage donné par les enseignants et moins par des intervenants extérieurs explique cette progression. Mais là aussi, les progrès sont plus faibles pour les garçons que pour les filles et en ZEP qu’en établissement non-ZEP.
Ainsi le vers est déjà dans le fruit en fin de primaire. Dans quelle mesure la simple modification des épreuves du bac peut-elle avoir un effet global et sur ces catégories au collège ? L’étude de la Depp interroge beaucoup plus fortement la réforme elle-même et son pilotage. Est-ce pour cela que cette étude de mai 2010 a attendu mai 2012 pour sa publication ?
Etude collège
http://media.education.gouv.fr/file/2012/17/0/DEPP-NI-2012-05-ev[…]
Etude primaire
http://media.education.gouv.fr/file/2012/16/6/DEPP-NI-2012-04-evol[…]
Sur le site du Café
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