Malgré tous ses efforts, la ville de Paris sera-t-elle prête à faire fonctionner les innombrables ateliers nécessaires aux activités périscolaires de ses 137 000 écoliers ? Le périscolaire pourra-t-il tourner sans la bonne volonté des enseignants ? Colombe Brossel, adjointe au maire de Paris en charge de l’éducation, a présenté le 4 juillet le dispositif impressionnant mis en place à la rentrée par la ville pour tirer le meilleur profit des heures d’activités périscolaires. Les parents peuvent dès maintenant découvrir ce qui sera proposé dans leur école.
8 000 ateliers
C’est un travail impressionnant qu’a accompli la ville de Paris pour que les nouveaux rythmes scolaires soient appliqués à la rentrée. Deux fois par semaine ce sont près de 8 000 ateliers qui accueilleront les 137 000 écoliers parisiens. Pour réussir ce pari, la ville a sorti les gros moyens. 26 millions sont consacrés à l’aménagement des rythmes scolaires. La Caisse d’allocation familiale en apporte 10, l’Etat 2 et le reste est financé par la ville. Elle a passé contrat avec plus de 900 associations. La ville embauche près de 1500 équivalents temps plein dont 862 adjoints d’animation et 60 Asem. Plus de 27 000 heures de vacations supplémentaires pour des professeurs de la ville de Paris sont prévues.
L’aménagement des rythmes amène la ville à créer une véritable filière pérenne de l’animation. Ainsi 380 directeurs de centre de loisir deviennent « responsables éducatifs ville » (REV) en charge d’organiser le temps périscolaire sur un territoire. Les agents de maternelle (Asem) voient leur métier redéfini. Elles feront moins d’entretien et beaucoup plus d’encadrement des petites sections sur le temps périscolaire.
L’offre proposée dans les écoles est maintenant connue. Ainsi à l’école maternelle rue Lahire, les enfants auront le choix entre chorale, jardinage, arts plastiques, ludothèque, jeux d’éveil, éveil musical . A l’école élémentaire 33 place Jeanne d’Arc, les écoliers devront choisir entre des sports (basket ball, tennis de table etc.), du théâtre, un orchestre, des marionnettes etc.
L’opposition est toujours là
Vivement contestés, les nouveaux rythmes scolaires avaient soudé une large intersyndicale. Elle vient de se briser avec le départ du Se-Unsa qui a signé un protocole d’accord avec la ville sur les missions des directeurs. Secrétaire général du Snuipp, le premier syndicat d’enseignants, et figure de proue du mouvement, Jérôme Lambert n’a pas bougé d’un pouce. Il dénonce « une grande impréparation sur le terrain » qui ne résulte pas du hasard. « On estime qu’il revient à la ville de travailler son projet ». Par conséquent les conseils d’école, selon lui, ne sont pas intervenus dans le choix des ateliers. Ville et enseignants continuent à se regarder en chiens de faïence alors même que les nouveaux rythmes impliquent d’une façon ou d’une autre les équipes pédagogiques. « Les directeurs devront veiller à ce que l’organisation des nouveaux rythmes ne pose pas de problème de sécurité », reconnait J Lambert. « Il faudra aussi qu’ils respectent les règles de vie de l’école ». En fait personne ne sait trop comment les choses vont se passer les premiers jours , particulièrement le jour de la rentrée. Et le ressentiment reste vif sur la mise en place des rythmes. « La réforme nécessite que les enseignants et les personnels de la ville discutent. Elle fonctionnera peut-être sur le plan matériel. Mais si l’objectif était le travail entre enseignants et acteurs locaux, alors c’est loupé. C’est la faute à la mairie ».
François Jarraud