Par François Jarraud
Les enseignants ne sont plus seuls. Les inspecteurs sont entrés eux aussi dans l’étau des réformes et leur transformation fait des étincelles.
Pourtant tout va bien au royaume de l’inspection nous dit un nouveau dossier de la Depp (Division des études du ministère de l’éducation nationale) publié le 5 octobre. Selon cette étude, les nouveaux inspecteurs sont très satisfaits de leur métier, qu’ils perçoivent autant comme un métier d’animation que d’évaluation. Toujours selon la Depp, leur formation par l’ESEN satisfait aussi bien les intéressés que la hiérarchie.
C’est pourtant elle qui est au cœur d’un modification profonde du statut des IEN. Une réforme négociée entre le principal syndicat d’inspecteurs,le SIEN Unsa, et le ministère, envisage, dès 2009, la réduction à une seule année de la formation, les nouveaux inspecteurs étant poussés sur le terrain à une vitesse qui ne surprendra plus les enseignants. En même temps les IEN, » appelés à jouer un rôle central dans l’adaptation du système éducatif et la mise en oeuvre des réformes » passent sous le contrôle des recteurs et voient leur lien avec l’Inspection générale relâché.
Certains, comme Pierre Frackowiak, qui s’explique dans une tribune, y voient une mise au pas du corps, rendue nécessaire par la multiplication des réformes. « Que les IEN, cadres intermédiaires, supérieurs hiérarchiques des enseignants du premier degré, viennent dire aux enseignants qu’ils connaissent, qu’ils rencontrent, qu’ils apprécient que tout ce qu’ils ont dit depuis trente ans est nul et que tout ce qu’ils leur ont demandé de faire a été un échec, détériore gravement leur crédibilité et leur image » nous confie P. Frackowiak. « Et quand les plus zélés s’évertuent à démontrer qu’il n’y a pas de différence ou si peu entre 2002 et 2008, prenant leurs interlocuteurs pour des ignorants et gommant sans complexe le caractère idéologique de ces programmes , on frôle l’insupportable ». Avouons-le : ici et là nous avons croisé des inspecteurs qui nous ont avoué plus que leur trouble, leur mal-être.
Reconnaissons à Xavier Darcos qu’il n’a jamais fait mystère de sa volonté de réformer l’inspection. En novembre 2007, il avait confié sur France Culture son intention de « remettre complètement à plat le système d’évaluation des enseignants ou plutôt des résultats des élèves ». C’est un nouveau volet de la révolution libérale dans l’Ecole qui commence à apparaître.
Le dossier de la Depp
http://www.education.gouv.fr/cid22430/les-inspecteurs-territoriaux-leu[…]
Lire la tribune de P Frackowiak
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2008/10/Frack_OuvaIns[…]
Les négociations SIEN – ministère
http://sien.unsa-education.org/
X Darcos et l’inspection
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Guide08_ins[…]
Inspecteur : un métier à redresser ?
» Les pressions de l’institution, les exigences de quantification, la systématisation d’évaluations contestables et contestées, le déni manifeste de la pédagogie, poussent mécaniquement les inspecteurs à privilégier et à développer la demande, souvent impérative ou perçue comme telle, de documents, ce que les destinataires nomment volontiers et à juste titre, la paperasse. Malgré l’inscription dans la loi de la liberté pédagogique, on multiplie les contrôles, les injonctions, les enquêtes, les rappels à l’ordre. Comme si ce qui se passe dans la classe était sans importance, comme si c’était toujours la même chose, et comme si le plus important, c’était les résultats aux exercices. On est alors incapable de mettre en relation des résultats et les pratiques qui les produisent. On passe ainsi à côté de l’essentiel, la réalité des apprentissages, la richesse des interventions du maître observant les réactions des élèves mis en situation de réfléchir, de choisir des procédures, de préparer une description de leurs stratégies ». Dans un beau texte, Pierre Frackowiak réfléchit au présent et à l’avenir du métier d’inspecteur. Entre bureaucratie et confiance…
Sur le site de P Meirieu
http://www.meirieu.com/FORUM/frackowiak_refonder_inspection.pdf
Les inspecteurs FSU ne vérifieront pas les déclarations des grévistes
Dans le cadre du service minimum d’accueil, les grévistes doivent déclarer leur intention de faire grève auprès de l’autorité administrative. Le SNPI FSU, syndicat de sinspecteurs FSU, a écrit au ministre pour l’informer que la charge de travail des inspecteurs est telle qu’elle ne permet pas cette collecte. Le syndicat invite le ministre à demander aux IA DSDEN de faire ce travail.