Le séminaire de printemps de la FESPI a eu lieu au Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron (le CEPMO), le 5 et 6 avril à Saint-Trojan. La FESPI rassemble une dizaine de structures innovantes et expérimentales en France (1). Pour l’occasion, des membres des équipes pédagogiques des différentes structures se sont déplacés. Ces journées se sont déroulées principalement autour de 2 thèmes : La prise en compte des troubles spécifiques des apprentissages et » Démocratisation scolaire et expérimentations pédagogiques ».
Le vendredi 5 avril commence par une présentation du CEPMO par des élèves et un de leurs enseignants. Le CEPMO est l’un des 4 lycées expérimentaux créés en 1982 sous le ministère Savary. Ce lycée qui a maintenant plus de trente ans conserve les principes d’un fonctionnement auto-gestionnaire (absence d’administration, pas de relations hiérarchiques, décisions collectives) et accorde une place privilégiée aux élèves. Suite à cette présentation, différentes interventions ont eu lieu sur le thème des difficultés d’apprentissage.
Un élève de seconde du CEPMO Victor a fait part des difficultés rencontrées au cours de son parcours scolaire à cause de ses handicaps détectés à l’âge de 7 ans, la dyspraxie et la dyscalculie. Son parcours scolaire a été très difficile, autant au niveau scolaire que vis à vis de l’institution. Les démarches administratives sont particulièrement complexes, la MDPH et l’Education Nationale peinent à trouver des réponses satisfaisantes aux problématiques des élèves concernés.
Corinne Gallet, formatrice à l’INSHEA, a présenté les différents types de handicaps qui peuvent pénaliser les apprentissages des élèves. S’appuyant sur différentes études menées en milieu scolaire, elle a insisté notamment sur l’importance de rendre explicite l’implicite. En effet, pour les élèves touchés de DYS, plus encore que pour d’autres, il est essentiel de rendre visible les objectifs d’apprentissages cachés. Sylvie Bernardet, graphothérapeute, a également fait part de son expérience dans l’accompagnement des élèves DYS.
La prise en charge des TSA est une problématique contemporaine importante à l’école. Le passage d’une logique d’exclusion des élèves handicapés à une logique d’intégration au système scolaire n’a pas été un succès du fait d’une mise à l’écart des élèves handicapés à l’intérieur de l’institution, faisant des élèves handicapés des « exclus de l’intérieur » pour reprendre l’expression de Pierre Bourdieu. C’est ainsi que depuis 2005, nous sommes passés à une logique d’inclusion. Cependant, l’école inclusive réussira à prendre en charge correctement les DYS qu’à condition d’une formation suffisante des personnels éducatifs permettant au système scolaire de s’adapter aux différents handicaps. Dominique Deraedt, psychanalyste clinicien a également pris part à cette journée en proposant une intervention sur le rapport à l’autorité.
Le deuxième jour de ce séminaire a commencé par l’intervention de Jean-Pierre Terrail, sociologue de l’éducation, professeur émérite à l’Université de Versailles Saint-Quentin et fondateur du GRDS (groupe de recherche sur la démocratisation scolaire). Partant du constat que l’inégalité sociale des chances scolaires n’a pas bougé d’un pouce depuis 50 ans, alors que l’école a ouvert très largement ses portes à un nombre de plus en plus grand d’enfants de la République, Jean-Pierre Terrail présente les différentes propositions du GRDS pour l’école dans l’optique d’une réelle re-fondation, plus ambitieuse que le projet actuel.
L’une des principales mesures du GRDS discutées est celle de la suppression des filières au lycée. Plus l’école crée des parcours scolaires différenciés plus elle risque d’accentuer les inégalités scolaires justifie ainsi le sociologue, tout en précisant que les contours de cette école commune restent à construire. Les autres propositions les plus concrètes formulées par le GRDS et qui sont pour certaines déjà expérimentées dans les différents ESPI sont la suppression de l’évaluation chiffrée (qui crée la concurrence entre les élèves) et la fin des redoublements.
Cette intervention de qualité a créé de nombreuses discussions entre les participants à ce séminaire se poursuivant jusque dans les différents ateliers dans lesquels ils étaient amenés à discuter de l’avenir de l’expérimentation.
Les séminaires de la FESPI sont également le moment de faire le point sur les liens des équipes avec la recherche (FESPIPOOL), de présenter l’avancement des recherches en cours et de s’interroger sur les futures orientations que l’on souhaite donner à cette démarche collaborative. Les recherches menées en partenariat avec la fondation de France depuis 3 ans devraient ainsi être publiées en septembre 2013.
Vincent Levrault
Centre expérimental pédagogique et maritime en Oléron (CEPMO)
Note :
1- www.fespi.fr ; Collège Clisthène (Bordeaux); Collège Anne Frank (Le Mans); Ecole-Collège Decroly (Saint-Mandé-94); Collège lycée élitaire pour tous (Grenoble); Collège Lycée Expérimental (Hérouville 14); les Micro-lycées (Sénart, Vitry, La Courneuve); Pôle Innovant Lycéen (Paris 13e); Centre expérimental pédagogique maritime d’Oléron (CEPMO, 17); Lycée pilote innovant international (Futuroscope de Poitiers); L’école Vitruve à Paris (20e); Collège-Lycée Freynet de La Ciotat (13), à noter que ce séminaire a vu également la présence d’une délégation du Lycée Auto-géré de Paris (hors FESPI).