Trop complexe, inadapté à certains élèves, les programmes d’éducation morale et civique sont vertement critiqués par les enseignants si l’on en croit la Degsco qui publie les résultats de la consultation qui s’est tenue du 1er au 30 janvier.
« Les personnels d’enseignement et d’éducation soulignent leur large adhésion à l’existence et au fondement de ce nouvel enseignement, qui réaffirme les valeurs républicaines et humanistes, et conforte une mission essentielle de l’École à cet égard », explique la synthèse des résultats de la consultation. Mais, » l’évaluation apparaît comme la grande absente des programmes, ce qui constitue un obstacle à l’appropriation et à la mise en oeuvre du projet.. A l’école comme au collège, les enseignants estiment que l’ambition du projet est excessive compte tenu du niveau de maturité des élèves et des capacités d’abstraction que les objets d’enseignement supposent. Au lycée, le projet de programme ne tient pas suffisamment compte de la spécificité de l’enseignement professionnel. Les projets de programmes mobilisent des démarches pédagogiques et didactiques complexes qui interrogent les gestes professionnels des enseignants ».
La consultation
http://eduscol.education.fr/consultations-2014-2015/events/pro[…]
L’APHG défend la place des professeurs d’histoire-géo dans l’enseignement moral et civique. « Écarter les professeurs d’Histoire-Géographie serait une erreur gravissime et dangereuse à court et long terme. Contrairement encore une fois à nos détracteurs, à certains syndicalistes hostiles à nos disciplines… et à des hauts fonctionnaires du Ministère… nous contribuons à la formation du citoyen. Brandir les compétences sans savoir mènera à de cruelles désillusions. Est-il possible de connaître et de comprendre le christianisme ou le judaïsme sans un savoir bien maîtrisé et constamment repensé à des fins pédagogiques ! Le vivre ensemble ne doit pas être un contenu vide. »
C’est que d’autres disciplines sont aussi intéressées par cet enseignement : la philosophie ; les SES ; l’EPS et l’éco-gestion se positionnent également. « Toutes les disciplines permettent l’enseignement moral et civique », écrit le Snep, qui représente les professeurs d’EPS. « Les 4 dimensions qui lui sont données – sensibilité, règle et droit, jugement et engagement – sont présentes dans les activités enseignées en EPS ».
« Parce qu’on ne peut se contenter de discours incantatoires et moralisateurs sur le vivre ensemble, l’EMC ne devra pas ressembler à une nouvelle religiosité civile. Les élèves ont besoin de voir plus clair dans les multiples informations qu’ils reçoivent, de savoir examiner les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ils ont besoin d’un recul critique, d’une élucidation conceptuelle et d’une compréhension réfléchie des principes ; cela seul permet de désarmer les querelles stériles et les enfermements identitaires », remarque l’Appep. « Le travail habituel des professeurs de philosophie consiste précisément, avec rigueur, patience et sérénité, à exercer les élèves à poser clairement les problèmes relatifs à la religion, au droit, à la morale, à la politique, à la technique, au vivant, à la culture ».
L’Apses, association des professeurs de SES, juge positivement le nouveau programme d’enseignement moral et civique (EMC) et les méthodes prévues pour sa mise en oeuvre comme le débat. Mais « nous nous interrogeons également sur la vision de la citoyenneté que cet enseignement risque de véhiculer. De la même manière qu’un enseignement de la religion doit choisir entre une histoire des religions et la promotion d’une religion, un enseignement moral doit choisir entre la tentation d’un catéchisme républicain – qui a toutes les chances d’être contre-productive – et une étude sociologique, anthropologique, historique de la diversité de la conception des morales et de la citoyenneté… Nous sommes persuadés que les sciences économiques et sociales peuvent jouer un rôle majeur en la matière, ne serait-ce que parce qu’elles interrogent les fondements des liens économiques, culturels et politiques des sociétés passées et actuelles. » L’Apses demande aussi la révision des programmes de SES pour permettre le débat en classe.
Site Apses
http://www.apses.org/initiatives-actions/communiques-et-courriers/articl[…]
Appep
http://www.appep.net/communique-de-lappep-sur-lenseignement-mora[…]
APHG
http://www.aphg.fr/Indignation-et-colere-des
« Le principe de laïcité doit-il impliquer le mutisme sur la dimension religieuse ? A mes yeux, la laïcité ne réside pas dans le déni ou le rejet du religieux, mais dans notre capacité commune à nous parler et à nous entendre … C’est une laïcité du consentement au réel, qui promeut à la fois la liberté de conscience et la liberté d’expression, dans le respect de tous et de chacun », a expliqué le 3 février Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique.
Pour l’enseignement catholique, » c’est clairement du côté de l’Egalité et de la Fraternité que l’Ecole doit faire porter ses efforts. » L’enseignement catholique évoque la mixité sociale. Mais il ne prend pas d’engagement sur ce terrain où son rôle est pourtant important dans les phénomènes de ségrégation.
L’enseignement catholique a mis en ligne ses ressources pour l’enseignement moral et civique. La CPE veut punir un élève qui n’a pas dénoncé des camarades faisant du trafic de cannabis. La prof d’EPS a mis une fille dans un groupe de garçons et les élèves harcèlent cette jeune fille. Voilà quelques unes des situations concrètes sur lesquelles l’enseignement catholique veut fonder son enseignement moral et civique. Les fiches sont concrètes et laïques. Elles abordent cet enseignement au niveau des élèves, sur des enjeux de valeurs et dans une pédagogie du débat. Ca mérite d’aller voir.
Site enseignement catholique
Sur le site du Café
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