Par Blandine Raoul-Réa, illustration de Fred Yvetot
Le monde de l’information écrite est bouleversé par le numérique tant dans l’économie des circuits d’édition et de diffusion que dans les attitudes des « consommateurs » d’information.
Je ne peux pas me passer de l’expérience du papier : 41% des réponses stipulent cet argument comme frein au passage à l’ebook.
« Près de 90% des consommateurs interrogés au cours de l’étude reconnaissent ainsi ne consulter que des contenus d’information gratuits sur Internet ». Et alors me direz-vous ? L’enquête menée par Bain & Company intitulée « les écrits à l’heure du numérique « pour le Forum d’Avignon n’en fait pas un plat. Effectivement on le sait Internet est associé avec gratuité. Cependant le développement des nouveaux outils numériques comme les Ipad, les tablettes… importent avec la lecture sur écran l’aspect coût et accès payant à l’information. Comme son copain l’Iphone… dont les chiffres ne cessent d’augmenter d’ailleurs. Alors comment va se construire ce nouveau modèle économique ? Verrons-nous d’ailleurs un nouveau modèle économique surgir ? Comment les choix des consommateurs vont-ils s’opérer entre les différents types de tablettes ou de liseuses ?
On le note dans cette étude – comme pour l’étude d’Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des Français – les premiers adeptes des liseuses et tablettes sont principalement les grands consommateurs de livres, les hommes et les catégories socio-professionnelles supérieures. Rien d’étonnant. Mais ceux qui ne le font pas ? Outre le prix, les principaux freins à l’adoption de l’ebook sont « je ne peux pas me passer de l’expérience du papier » (pour 41% des réponses. Et alors là on dit « ah quand même » et puis 2 minutes après on dit : « c’est moins de la moitié »… Alors on est à un tournant ? Vraisemblablement. Les gros lecteurs ont vite trouvé l’avantage à transporter léger et beaucoup et à pouvoir varier facilement les titres à lire. Plus de 40% des adeptes de support numérique déclarent lire plus qu’auparavant ce qui tendrait donc à faire taire la dichotomie lecteurs / supports numériques (on pourra se reporter à l’excellente journée organisée par la BnF en janvier 2010 intitulée « Pratiques culturelles à l’ère numérique et crise de la lecture ? » ). Pour la littérature on assistera donc, selon l’étude, à un nouveau déploiement des intermédiaires. Et pour la presse ? « C’est une véritable redéfinition de la valeur ajoutée journalistique qui est en cours dans un monde où l’information est omniprésente ». Ce qui semble particulièrement pertinent comme remarque quant à l’évolution de l’économie de la presse est cette remarque : « Les éditeurs abandonnent partiellement leur rôle de producteur d’information brute et s’orientent vers l’investigation, le décryptage et la modération des contributions et du débat, tout en redéfinissant les limites entre information gratuite et information payante ». Là oui, on voit bien ce qui est en train de se passer : une réflexion nait, grâce au développement de ces nouveaux support, sur « qu’est-ce qu’on peut faire payer ? Et donc qu’est-ce qu’on peut ajouter comme valeur à l’information à l’heure de l’accès gratuit via le web … ». La question est passionnante en 2010. La réponse viendra sans doute assez vite.
L’étude
http://www.forum-avignon.org/sites/default/files/editeur/2010_Etude_Bain_FR.pdf
La journée d’étude de la BnF
Des études à foison
Beaucoup d’études sont sorties récemment et font état des pratiques numériques. Docs pour Docs en référence un certain nombre. Il est fort intéressant de constater que ces pratiques sont un sujet d’étude, gage s’il en est que l’économie numérique se redessine et que les enjeux sont forts. Il y a certainement derrière une redistribution qui se dessine dans les « industries culturelles »… A suivre donc.
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