Deux ans après la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), les bastions disciplinaires résistent, souligne le rapport remis le 22 juillet à la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, par Jacques Bernard Magner et Colette Mélot. En juin 2014, Bernard Magner et Colette Mélot avaient rendu compte de leur mission d’information sur les Espe qui vivaient leur an I. Ils estimaient que l’année scolaire 2014-2015 serait « cruciale ». Le 22 juillet 2015, ils ont rendu compte de l’An II des Espe dans un bilan qui montre des progrès mais aussi la difficulté à professionnaliser les formations dans le second degré général.
Les conflits entre les Espé et leurs université de rattachement ont-ils disparu ? Le rapport 2014 avait montré des difficultés importantes de moyens et d’organisation. Selon le rapport 2015, » certaines universités perçoivent encore les ÉSPÉ comme des structures dérogatoires empiétant sur leur autonomie ». Il recommande de « conforter » l’autonomie budgétaire des Espé avec la mise en place de contrat d’objectifs et de moyens et un pilotage autonome de la masse salariale des Espé.
Les problèmes relationnels avec les universités ne sont toujours pas tous réglés. » Les efforts doivent être poursuivis pour assurer la centralisation des inscriptions pédagogiques à l’ÉSPÉ », demande le rapport. Surtout, le rapport dénonce » l’hégémonie des UFR dans la préparation aux concours du 2nd degré ». La moitié des candidats viennent d’un autre master que le MEEF, jusqu’à 75% dans certaines académies.
C’est bien la professionnalisation des formations qui est encore à construire. « L’effort d’intégration des personnels de terrain dans les équipes des ÉSPÉ est réel », estime le rapport, « en particulier pour la formation aux thématiques du tronc commun, via des décharges d’heures d’enseignement en établissement. Mais des difficultés demeurent : la complexité administrative et organisationnelle, ainsi que la question de la prise en charge du coût financier sont encore des freins à la mise en place de conventions entre ÉSPÉ et rectorats pour donner une base solide à cette participation des professionnels de terrain à la formation de leurs futurs collègues ».
Plus grave encore, » la professionnalisation des épreuves de concours était également attendue. 3 des 4 épreuves du concours font désormais référence à la maîtrise pédagogique et des évolutions positives sont indéniables, en particulier dans les filières professionnelles et techniques. En revanche, les évolutions sont beaucoup plus ténues dans les filières du 2nd degré général ». Les difficultés à la mise en place du tronc commun persistent. La rapport parle d’un « morcellement excessif des enseignements », de « modules bien trop généralistes ».
Enfin le rapport repose la question des Emplois avenir professeur, que le ministère vient de mettre en extinction. » La mise en place des « emplois d’avenir professeur » (EAP) était aussi l’occasion de renforcer ce continuum et de participer à la constitution d’un vivier dynamique d’étudiants qui se destinent aux métiers du professorat. Ce dispositif, récemment mis en extinction pour être remplacé par un mécanisme d’apprentissage, devra rapidement être évalué », demande le rapport.
François Jarraud
Le rapport 2015
http://www.senat.fr/presse/cp20150722.html
Le rapport de 2014
Le rapport 2014 de l’Inspection
EAP : Les hussards noirs n’ont plus la cote
Les allègements des maîtres formateurs et formateurs académiques précisés
Deux textes publiés au Journal officiel indiquent comment seront calculés les allègements de service des maîtres formateurs (1er degré) et des formateurs académiques (2d degré). La philosophie est la même. « Au titre de la prise en compte du volume des activités susceptibles d’être confiées aux formateurs académiques, la détermination de leur allégement de service tient compte des critères quantitatifs suivants : le volume horaire de formation dans les champs professionnel et disciplinaire en formation initiale et continue ; le nombre de formateurs académiques exerçant dans l’académie ; le nombre de tuteurs exerçant dans l’académie », indique le texte sur les formateurs académiques. En clair : le recteur calcule en fonction de l’enveloppe qu’il attribue… « Conformément aux critères définis aux articles 1er et 2, le recteur détermine par arrêté l’allégement de service attribué à chaque enseignant du second degré exerçant la fonction de formateur académique ».
Des ESPE accréditées provisoirement
Les ESPE de Guadeloupe, Martinique, Guyane et Montpellier n’ont reçu qu’une accréditation provisoire de 2 ans pour leurs masters. Ces mesures confirment des difficultés persistantes dans la mise en place des nouvelles formations dans certaines ESPE deux ans après leur création.
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